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De Part à Gershwin en passant par Pistone : d’est en ouest

Quoi de commun entre (à ne pas confondre avec Arvo Pärt), compositeur et plasticien né en Sibérie à la fin des années 20 (qui reste volontairement discret sur son âge) et , dont la célèbre Rhapsody in blue interprétée ici de manière fougueuse et inspirée, sonne dans la tête de chacun à la seule évocation de son seul nom ? Et bien, contre toute attente, dans les deux cas, un parfum d'Amérique. Mais pas la même…

En effet, la musique de fait écho à la musique modale répétitive américaine. En témoignent, par exemple, la première pièce « New Age », la deuxième « Electro », la troisième « Echo » ou encore la septième « Technikos » des Douze Préludes dont propose ici une première mondiale. Mais si l'aspect répétitif et les tempos élevés (cf. la « Folie », n°9 aux délicieuses dissonances…) prédominent, certains préludes offrent un caractère plus introverti, à l'instar du « Jardin » (n°5) ou encore de la « Chanson triste » (n°8), etc. baptise lui-même son style de musique de Hi-Sense Music, fondé sur des motifs répétés et souvent rapides sur lesquels viennent s'ajouter des projections d'images.

Dans tous les cas de figure, le pianiste adapte ici son jeu clair agile, percutant et spontané, à l'exigence musicale, offrant ainsi une palette sonore correspondant à une large gamme de sentiments : violence, tendresse, exaltation, passion…

Mais si donne vie aux pièces de Part, inconnues du public, Part qu'il a eu la chance de rencontrer sur les bords du lac Baïkal il y a une vingtaine d'années, s'il donne une vision passionnée de la Rhapsody in blue aux sonorités jazzy, il complète également son enregistrement par un répertoire original et particulier : un choix de ses propres compositions (1988-89), avec entre autre, un sombre mélodrame, Mélologue II, sur des textes de Poésies I de Lautréamont, qui joue sur les différentes appréhensions des octaves pour offrir une descente chromatique dont les notes sont à chaque fois distantes d'une neuvième. Comme chez Part, on retrouve l'aspect répétitif de motifs, avec en particulier la récurrence d'un trille. Contre toute attente, la pièce se termine sur… une sonnerie de réveil matin. Une autre référence littéraire sert de fondement à une autre œuvre pianistique : un extrait du Pèlerinage de Childe Harold de Lord Byron dans Profondeurs. L'originalité de l'enregistrement réside ici dans le fait que le poème est d'abord lu avant la présentation de la pièce pour piano qui, là encore, est fondée sur un principe de répétitions. Elle requiert des qualités techniques indéniables et un certain sens de la mise en scène, dans une atmosphère tantôt enlevée, tantôt onirique. L'aspect onirique se retrouve également dans la dernière pièce de présentée ici : Latence, qui joue sur les résonances à l'aspect passionné.

Un double intérêt se dégage de cet enregistrement : la découverte d'un compositeur russe à l'accent américain et d'un compositeur-interprète-musicologue franco-italien à l'accent russo-américain sous le parrainage d'un Américain aux racines russes. D'est en ouest. D'ouest en est…

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