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Eduard Franck : tarissement académique !

La mise à disposition des répertoires musicaux les moins fréquentés  contribue à compléter utilement et avec forces données nouvelles l'histoire de la musique occidentale. A  contrario, cette profusion de résurrections plus ou moins utiles, plus ou moins justifiées concourt à affaiblir le niveau général des œuvres  et parfois à accentuer le gap qualitatif existant entre le tout venant (d'excellente facture habituellement) et le chef-d'œuvre (impérissable et incomparable). Ces considérations générales valent pour cette exhumation de quatre œuvres orchestrales du compositeur allemand , né sept ans après Robert Schumann et décédé quatre ans avant Johannes Brahms.

Si les musiques entendues reposent sur un art irréprochable de la forme et un savoir technique exceptionnel, il en va autrement du discours lui-même, totalement inféodé à un académisme bien lissé, prévisible et dépourvu de génie distinctif, indispensable ingrédient qui aurait pu autoriser une confrontation plus ou moins avantageuse avec ses compatriotes et quasi-contemporains, Wagner, Bruckner, Liszt, Mahler, Louis Spohr… Ces réserves qui ne sont pas condamnation s'adressent essentiellement à l'Ouverture pour grand orchestre, op. 21 (1854), à la Fantaisie, op. 16 (1851) et à l'Ouverture de concert, op. 12 (1848), toutes partitions dénotant une écriture consommée, maîtrisée, lissée et sans aspérités. Le Konzertstück pour violon et orchestre (Andante-Allegro) de 1844, sans pulvériser les normes habituelles, affiche un discours romantique bien ficelé tout à fait digne de rejoindre la grande famille des Romances où se sont illustrées des pointures nommées Beethoven, Dvorak, Saint-Saëns, Tchaïkovski, Bruch, Fauré… Le timbre de embellit la partition très correctement soutenue et défendue par le Württembergerische Philharmonie Reutlinger (fondé en 1945) parfaitement commandé par le Suédois depuis 2008. Tous se plient sans sédition à l'écriture de ce Franck qui étudia avec Mendelssohn et se lia d'amitié avec Robert Schumann, dont l'influence sera celle de toute une vie.

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