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Sounds of the 30’s, par Stefano Bollani et Riccardo Chailly

Après une première collaboration autour de la musique de Gershwin, le pianiste de jazz et s'associent de nouveau et continuent à interroger le répertoire des années 30, influencé entre autre justement par le jazz. Au programme, une sélection d'oeuvres diverses, tant du point de vue des effectifs requis que de l'intérêt.

Pour ce qui est des oeuvres et de l'interprétation maintenant, il faut commencer par ce qui est une réussite, à savoir le Concerto de Ravel. Le pianiste, dont le jeu est parfois un peu raide (ou gêné ?), livre néanmoins une prestation tout à fait intéressante, et l'on apprécie tout particulièrement la finesse de son jeu dans le fameux « Adagio » central. L'orchestre accompagne le soliste de façon très précise et ludique, efficacement secondé en cela par la prise de son, dont la clarté exceptionnelle nous révèle des plans sonores jusqu'ici inouïs, qui renouvellent notre perception de l'oeuvre ; on découvre ici un caquètement de clarinette, là une sombre tenue de basson. C'est tout simplement passionnant.

Le Tango de Stravinsky sert ensuite d'entremet, comme de juste : c'est une pièce sympathique, mais certainement pas le chef-d'œuvre de son auteur. Il nous est donné dans deux versions ; l'originale, pour piano seul, et une orchestration de Felix Guenther. Si on se laisse agréablement porter par la première, la seconde se révèle assez lourde et conventionnelle, mis à part quelques relais de timbre intéressants.

Les deux chansons de Weill sont interprétées par le pianiste seul, qui les joue de façon très personnelle. Sa vision intimiste, éthérée, évacue le sens des paroles que soutient la mélodie ; on aurait souhaité un peu plus de mordant dans Surabaya Johnny. L'introduction improvisée à la Tangoballade suivante, loin d'être inintéressante, ouvre sur des mondes à ce point modernes qu'il est presque dommage de l'enchaîner à la chanson.

Le programme se conclue sur la suite Mille e una notte de Sabbata, de dimensions volontiers imposantes. Cette musique volontaire, qui exploite avec lourdeur la virtuosité de l'orchestre, est une sorte de collage de styles et cède à tous les clichés musicaux. En dépit de la grande tenue de l'interprétation de Chailly, il faut bien reconnaître que l'oeuvre a mal vieillie, et son kitsch prête à sourire à maints endroits : le néoclassicisme d'un Strauss y côtoie l'inspiration jazzy, les mélodies lyriques alternent avec des interventions de yukulele – on se croirait dans un générique de film américain des années 40 ! Une curiosité, sans plus.

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