Globalement, l'adéquation entre un chef inconnu, un orchestre de cachetonneurs et le cœur du répertoire symphonique, dans un contexte discographique pléthorique, n'a, sur le papier, strictement rien d'alléchant. Pourtant, le chef d'orchestre allemand Gerd Schaller, réussit ce que même pas 1% de ses condisciples peut arriver à faire : marquer la discographie des symphonies de Bruckner, l'un des sommets de la littérature symphonique.
Agé d'une quarantaine d'années, Gerd Schaller, mène une discrète carrière dans des maisons d'opéras allemandes d'envergure (très) modeste : Braunschweig et Magdeburg. En 2008, il a fondé son orchestre, avec des membres des orchestres établis en Bavière. Pour le label Profil, il se lance dans une intégrale des symphonies de Bruckner. Ce coffret des trois premières symphonies, peut déjà s'imposer par le choix des éditions de William Carragan, dont il offre même, pour la Symphonie n°3, le premier enregistrement mondial.
Mais, la force du travail de Carragan est musicale. Ce chef parvient à synthétiser l'approche verticale et horizontale de Bruckner. Les tempi sont raisonnablement rapides, mais le musicien parvient, en bon brucknérien, à sculpter les blocs instrumentaux et à gérer les gradations, de manière optimale. Bien que réunie à l'occasion, sa phalange sonne avec l'ampleur et la précision requises.
Les références dans ces œuvres sont très nombreuses, mais le travail de Schaller intéressera tous amoureux de cette musique, qui pourront fuir les approches standardisées de la plupart des chefs actuels.