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Maria Szymanowska, compositrice de génie

Si la musique de piano de a déjà fait l'objet de plusieurs enregistrements discographiques, c'est à la production vocale de cette compositrice de génie qu'est consacré le présent album. Née à Varsovie en 1789, cette pianiste hors pair qui sillonna l'Europe dans les années 1810 et 1820, se produisant autant dans les Cours, les salons que les salles de concert, est en effet également l'auteur de beau nombre de mélodies jusqu'à présent scandaleusement délaissées par nos chanteuses professionnelles. Écrites dans ce style préromantique tellement caractéristique d'une période encore très influencée par le classicisme, empreintes d'un sentimentalisme de bon aloi qu'aucun excès passionnel ne risque de venir troubler, chacune de ses romances ou ballades est un pur joyau pour l'oreille, et l'auditeur n'aura aucun mal à se laisser envoûter par le déploiement de tant de belles phrases musicales. Les amateurs de poésie polonaise apprécieront tout particulièrement les mélodies sur les poèmes du grand Adam Mickiewicz, appelé à épouser la fille de quelques années seulement après la mort de cette dernière. Parmi les extraits chantés en français, on retiendra tout particulièrement les Six Romances, parmi lesquelles se détache notamment une fort émouvante « chanson du saule » de Desdémone. L'accompagnement pianistique, d'une richesse sidérante, trahit bien entendu la présence de la virtuose de l'instrument, dont le style mais aussi la carrière devaient préfigurer, quelques années plus tard, l'essor et la gloire du jeune Frédéric Chopin.

La mezzo-soprano s'investit corps et âme dans cette belle réalisation, et phrase ses partitions avec goût et délicatesse, privilégiant manifestement la beauté de la ligne vocale sur la clarté de la diction. Souvent sourd dans le grave, l'instrument est plus beau dans le haut médium même si, de façon générale, il ne dispose pas de la palette de couleurs qui aurait été nécessaire pour rendre à ces belles mélodies tout leur potentiel émotionnel.

En revanche, le jeu brillant du pianiste , sur un Broadwood de 1825, paraît tout à fait exceptionnel et donne envie à l'auditeur de découvrir plus avant la musique de , notamment sa production pianistique.

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