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Mathieu Dupouy et l’élégance du Hérisson

Hormis le mouvement lent de l'Hob.XVI :50, c'est à Londres, que écrit ses trois dernières sonates pour piano (1794-1795). On ignore dans quel ordre il les compose mais on sait qu'elles ne sont publiées (séparément) que plus tard : la 62e en 1798, la 60e en 1800 et la 61e en 1805. Portent-elles pour autant les traces d'une inspiration anglaise comme on l'a souvent dit – et écrit ? Vu par le bout organologique de la lorgnette, précise dans sa remarquable notice de présentation que l'ambitus au sein duquel se meut la musique n'outrepasse pas les limites du clavier viennois de l'époque alors que Marc Vignal notait en son temps chez Fayard que la Sonate n°60 « fait usage deux fois du procédé –typique […] des pianoforte anglais –supra una corda (peut-être une des raisons pour lesquelles l'ouvrage ne fut jamais publié du vivant de Haydn en Allemagne et en Autriche) ». Voilà qui ne règle donc pas définitivement le problème.

L'auditeur n'aura probablement que faire de ces querelles de spécialistes et appréciera sans s'en soucier une interprétation qui possède toutes les qualités pour devenir une référence sur instrument ancien. Il souffle ici un vent de liberté et d'élégance intellectuelle qui permet à Dupouy de cultiver un art consommé de la rupture, de la digression et de la surprise qui va comme un gant à des pages pétillant comme le meilleur des champagnes. L'inspiration poétique ne fait jamais défaut à un claviériste qui possède une connaissance plus que parfaite de son instrument et de son histoire, ce qui lui permet de prendre quantité d'options originales. Pour parachever ce disque à consommer sans modération, les deux cycles de variations proposés tombent à point et sont rendus avec beaucoup d'esprit. Encore une absolue réussite pour cette nouvelle publication du label Hérisson qui a décidément pris la bonne habitude de nous offrir d'irrésistibles perles discographiques.

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