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Barbara Hannigan et Simon Rattle à Munich, intenses

se fait rare à la tête des orchestres autres que ses Berlinois et, plus épisodiquement, l'Orchestra of the Age of Enlightenment. En 2010 pourtant, Rattle avait accepté de venir diriger à Munich Le Paradis et la Péri de Schumann, une œuvre rare qu'il défend avec ferveur, et le concert s'était tellement bien passé qu'il revient, deux ans plus tard, pour un concert dont Schumann est toujours le couronnement, mais pour lequel Rattle a construit un programme varié et stimulant hors des sentiers battus.

On pourrait s'attendre, chez Haydn, que Rattle trahisse plus nettement l'influence des baroqueux que, contrairement à beaucoup de ses collègues, il a l'intelligence de ne pas nier. Ici, peut-être pour s'adapter aux habitudes de l'orchestre, il choisit une approche symphonique assez ample, qui pourrait sans doute faire preuve de plus de fantaisie, mais qui est suffisamment bien construite pour emporter l'adhésion, avec l'aide des solistes exceptionnels de l'orchestre.

Avant et après l'entracte, deux pièces très différentes viennent consacrer le talent toujours plus évident de . Rattle est chez lui avec Sibelius, et le montre avec intensité et délicatesse. La soprano réalise des merveilles d'intensité poétique, mais l'oreille est sans cesse ramenée vers l'orchestre et ses couleurs infinies. La réputation des cordes de l'orchestre n'est plus à faire, mais elles se surpassent encore ici, avec le soutien passionné de dont la maîtrise de la dynamique comme principe émotionnel laisse pantois.

Chez Ligeti, en revanche, c'est bien qui vole la vedette au chef, se jouant des difficultés de la partition avec une ironie mordante : si le public de Munich n'est pas le plus ouvert à la musique contemporaine, la drôlerie de la pièce ajoutée aux facéties conjuguées de la soprano et du chef emporte tout sur son passage. On pourrait regretter que le génie de Ligeti tend à se trouver masqué par l'accumulation des jeux de scène, mais il n'est certainement pas inutile de rappeler à quel point la musique contemporaine n'a pas à avoir peur de l'humour, de même que le public n'a pas à avoir peur d'elle !

Le public est ensuite un peu brutalement ramené sur terre avec l'hommage rendu par à , puis par la douloureuse deuxième symphonie de Schumann qui conclut ce concert. Le chef ne cherche visiblement pas à tirer la symphonie vers une expressivité tragique, pas plus qu'à enivrer le public de sonorités capiteuses qui tendent parfois à devenir le critère ultime du concert d'orchestre. C'est donc la rigueur de la construction qui domine, au détriment du spectaculaire sans doute, mais en donnant à cette œuvre des vertus rhétoriques qu'on n'y entend pas toujours.

Crédit photographique : © Stefan Bremer

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