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Netrebko – Iolanta conquiert Essen

« – Iolanta. » C'est ainsi que la Philharmonie de Essen annonçait depuis longtemps ce concert. Et pourtant il ne s'agissait point d'un récital, mais d'une représentation en concert de l'ultime opéra de Tchaïkovski !

Fallait-il donc craindre un one-woman-show de la diva russe, entourée pour l'occasion de partenaires médiocres et accompagnée d'un orchestre de série C ? Heureusement, ce ne fut pas le cas. Au contraire, pour faire connaître Iolanta au public allemand, le concert avait été donné avant Essen à Munich, Berlin, Stuttgart et Nuremberg, entre autres. On avait choisi une excellente distribution, constituée en grande partie par quelques-uns des meilleurs chanteurs russes du moment. Tout le monde, y compris les choristes, chante par cœur, se jetant avec corps et âme dans son rôle pour faire briller ce bijou d'opéra.

Ainsi , doté d'une voix à la fois puissante et souple, fait merveille en roi René, souverain déchiré, tour à tour autoritaire et paternel. Duc Robert est incarné par : quelle voix, quelle arrogance dans l'émission et quelle présence ! En Ibn-Hakia, Lucas Meacham fait valoir un timbre plus moelleux, tout en déployant un registre aigu impressionnant. Vaudemont, le jeune premier, trouve un excellent interprète en la personne Sergey Skorokhodov, ténor à tout faire au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, de Donizetti à Wagner. Plutôt lyrique au début, il se montre capable, par la suite, d'une belle vaillance, même si l'attaque très ouverte des aigus laisse craindre pour l'avenir de cette belle voix. Les rôles secondaires sont, eux aussi, distribués avec soin, le tout placé sous la baguette attentive d'. De sa gestuelle à la fois précise et suggestive, il anime l' et lui fait donner le meilleur de lui-même, mariant beauté de son et richesse de couleurs.

Et la Netrebko ? Le rôle de Iolanta lui sied à merveille. Après une entrée toute en demi-teintes, c'est au grand duo d'amour qu'elle déploie de plus en plus sa voix. Et quelle voix ! Si grave et médium se sont considérablement étoffés ces derniers temps, l'aigu, facile et lumineux, n'accuse aucune dureté métallique, caractéristique souvent douloureuse des voix slaves. L'interprète, elle aussi, a muri, disposant désormais d'une vaste palette de nuances et de couleurs qu'elle n'hésite pas à mettre au service du rôle. Dès la fin du duo, couronné d'un contre-ut royal, le public se déchaîne, offrant, à la fin du concert, une interminable ovation à tous les musiciens.

Crédit photographique : © Ruven Afanador

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