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Belle époque & Années folles à Dijon

Ambitieux, ce programme ! En effet, il est courageux de présenter aujourd'hui en concert des mélodies typiquement françaises des premières décennies du XXe siècle, même si cela s'inscrit dans la thématique choisie par l'Auditorium de Dijon cette année. Pourtant, que de délicatesses musicales, que de « croquis sonores » habilement esquissés, que de subtilités renferment ces petites pièces musicales…

On aurait pu sous-titrer ce récital « Portraits de femmes », car à travers les œuvres des musiciens qui sont présentées, on voit défiler tous les poncifs, tous les (sacrés) caractères de la gent féminine de l'époque : la rêveuse (O mon bel inconnu), l'innocente en proie à ses premiers émois (Je suis encore toute étourdie), la cocotte (J'ai deux amants), mais aussi des femmes blessées (Je suis faite comme ça ou Je ne t'aime pas). Les souvenirs un peu mièvres ne manquent pas d'égayer la soirée (Adieu notre petite table), et les instants poétiques émaillent le spectacle (Les enfants qui s'aiment). On s'aperçoit aussi que les auteurs ne manquent pas d'esprit quand il le faut, puisque Les Fêtes Galantes de Francis Poulenc sont bâties entièrement autour des rimes en « C ».

La diction de sait mettre en valeur l'esprit et la lettre des textes avec toute la finesse que requiert cet exercice si l'on ne veut pas tomber dans le style boulevardier. De la maitrise dans les effets et un maintien d'une rare élégance font de cette charmante jeune femme l'interprète idéale pour ce genre de style. Il est vrai que l'on avait déjà remarqué sa légèreté de ton dans le rôle de Damigella dans le Couronnement de Poppée. Certains aigus sont parfois trop appuyés, mais le reste de la tessiture est souple, velouté et séduisant.
Elle a beaucoup de chance d'être accompagnée par qui fait littéralement corps avec elle dans ce répertoire délicat : elle sait être une excellente pianiste comme dans Green, mélodie de Debussy, pleine de délicatesse nostalgique comme dans la Gymnopédie de Satie, mais aussi incisive comme dans le tango de Kurt Weill.

On pourrait dire, en paraphrasant Messager : « Mon Dieu, que c'est chouette une femme, une femme, une femme…, alors, vous pensez… DEUX ! ».

Crédit photographique : ©'bdallah Lasri

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