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Louis Langrée dirige le Philharmonique de Berlin

Dans le monde des chefs d'orchestre, diriger l', dans sa salle, lors d'un concert d'abonnement reste un fait d'arme (ou de baguette) qui fait entrer dans un cercle très fermé, sorte de Ligue des champions des podiums.

Si les chefs d'orchestre français se sont toujours très bien exportés (faute de trouver des postes à leur niveau  dans l'Hexagone), peu nombreux sont ceux admis au pupitre de la légendaire phalange. Du MET de New-York à La Scala de Milan, en passant par ses fonctions à la tête de la Camerata Salzburg et de l'orchestre de Cincinnati, mène une carrière admirable et c'est tout naturellement qu'il se devait de débuter à Berlin avec Mozart, un compositeur dont il est l'un des interprètes actuels les plus émérites.

Dès l'ouverture de la Clemenza di Tito, on retrouve un Mozart théâtral mais jamais foncièrement précipité ou brutal : le drame s'écoule avec naturel et évidence. La  Symphonie n°40 de Mozart reste une belle épreuve pour un chef et un orchestre (combien de chefs s'y risquent en concert ?). impose une lecture allante et aérée dont la lumière souligne la solidité de la construction. Les pupitres de l'orchestre berlinois s'ébrouent avec joie sous cette baguette qui fait respirer les cordes et qui débroussaille les lignes de vents. Chaque pupitre et chaque nuance deviennent perceptibles dans cette acoustique mythique. Mozart est servi par une Dream team instrumentale : Guy Braunstein au violon, Albrecht Mayer au hautbois ou encore à la flûte. On ne sait qu'admirer dans les rangs de cet orchestre: la précision technique, la justesse des attaques, la palette des couleurs ou le galbe des cordes.

La très rare cantate Davide Penitente n'encombre ni les scènes, ni les bacs des disquaires, pourtant elle passe admirablement bien l'épreuve du concert, portée par une structure d'un rare équilibre et par une écriture vocale magistralement séduisante. mène le discours avec un sens du théâtre idéal. La distribution vocale est d'une belle homogénéité. On retient le timbre et la belle musicalité de la soprano . Le chœur de la Radio de Berlin, admirablement préparé par Simon Hasley, est, comme à son habitude, remarquable de cohésion et de projection.

Cette grande soirée restera dans les mémoires et on espère revoir, très vite, le chef français au pupitre des musiciens berlinois.

Crédit photographique : portrait © Benoit Linero ; photo de Une © Benjamin Ealovega

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