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Wayne Marshall improvise à l’orgue sur Gershwin et Bernstein

La mine quelque peu sévère de à la une de son tout nouvel enregistrement pourrait sembler présager quelque sérieux de la part d'un interprète qui nous a pourtant habitués à des interprétations vivantes et bien enlevées.

Que l'on se rassure, l'ouverture de la pochette nous fait découvrir à l'intérieur, un autre portrait, jovial et rieur, tout comme sa musique contenue sur la petite galette magique. Cet artiste anglo-américain, pianiste, organiste et chef d'orchestre semble naturellement attiré par le répertoire outre-Atlantique du XX° siècle.

Le présent enregistrement nous montre un aspect étonnant de ce musicien, une corde à son arc des plus tendues : son talent d'improvisateur. On se souvient de joutes à deux orgues avec David Briggs en la cathédrale de Gloucester (UK), sur des thèmes issus du classique et du jazz. Ici, il se rapproche de deux géants américains et de quelques œuvres emblématiques sur lesquelles il disserte allègrement. Il a choisi pour cet exercice sans filet le grand orgue à tuyaux construit pour la salle de la philharmonie de Luxembourg par Karl Schuke en 2005. Il s'agit d'un orgue de concert, sans aucune connotation liturgique, de 83 jeux répartis sur 4 claviers et pédalier. Il s'agit là d'un orgue « dernier cri » refermant tout ce que peut apporter d'innovant l'orgue du XXI° siècle en matière de commodités, mais aussi simplement sur le plan esthétique. L'orgue de synthèse du XX° siècle réunissait les esthétiques classiques romantiques et symphoniques des instruments français et allemands. AU XXI° siècle, on a élargi le concept en incorporant l'esthétique des orgues symphoniques anglais et américains. Cela augmente encore les qualités de style orchestral de ces orgues, fin prêts et quelque peu idéaux pour remplacer un vétitable orchestre symphonique, et qui pourraient prendre le nom d'orgue philharmonique.

Sur cette machine de concert, enregistrée par les soins même de , diverses improvisations orchestrales vont se succéder, brillantes et décoiffantes. L'organiste, pianiste et chef d'orchestre, manie avec panache, sur des rythmes et accents jazzy, les thèmes laissés par West side story : America, To night ou autre I fell pretty. Les fresques sont développées, d'une demi_heure pour la première. D'autres thèmes moins célèbres font aussi merveille tel celui du film Funny girl .

concentre également toute son énergie dans sa paraphrase inspirée de Rhapsody in blue de . L'acoustique de la philharmonie de Luxembourg est mate, dépourvu du moindre écho, ce qui surprend pour le son d'un tel orgue, mais qui finalement rend logique l'approche même de ce répertoire orchestral, plus proche de l'orgue de cinéma, dont Wayne Marshall semble bien comprendre l'esprit. Ses doigts sont agiles et experts dans cette pâte sonore flamboyante comme un feu d'artifice.

Wayne Marshall signe là un disque de divertissement des plus éblouissants.

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