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Ballet Igor Moïsseïev : la grande tradition des danses populaires russes

70 danseurs et musiciens, 14 ballets et un répertoire comprenant plus de 300 danses folkloriques : le , l'un des étendards de la culture russe à l'étranger, voit les choses en grand. La compagnie, qui a fêté son 75ème anniversaire en 2011, se produit pour trois soirées au Palais des Congrès de Paris, avant d'entamer une longue tournée en province. Retour sur une soirée attendue.

Né à Kiev en 1906, Igor Moïsseïev a été le premier à donner ses lettres de noblesse à la danse folklorique. Il étudie à l'école de danse du ballet du Bolchoï, avant d'intégrer à 18 ans la compagnie en tant que soliste, sans passer par le corps de ballet. Ce jeune surdoué voit pourtant son avenir ailleurs. Il se passionne pour le folklore de son pays : « Quand j'avais environ six ans, je vivais avec mes tantes qui étaient maîtresses d'école. Elles changeaient tout le temps de village pour remplacer les maîtres malades ou ceux qui partaient à la guerre. Alors nous déménagions souvent et j'aimais beaucoup cela. Chaque fois, je découvrais de nouveaux costumes, des fêtes différentes, chaque village ayant ses propres traditions. » Devenu grand, il rêve de faire partager sa passion sur scène. Une aspiration qui se réalise douze ans plus tard, en 1937, lorsque le gouvernement soviétique décide de créer un ensemble folklorique d'Etat et lui en confie la direction. Le était né : « Il me fallut beaucoup de persuasion pour me lancer dans cette aventure : aucun antécédent, aucune expérience à ce niveau n'avaient été tentés jusqu'alors […] Ayant obtenu les moyens de créer mon propre ensemble, mon départ du Bolchoï me semblait une libération. L'aventure était exaltante ! Tout était à faire. » Afin de former des danseurs professionnels pour sa troupe, il fonde sa propre école en 1943. Et dès que s'entrebâille le « rideau de fer », Moïsseïev emmène sa troupe se produire à l'étranger. Jusqu'à sa mort, à l'âge de 101 ans, il dirige avec passion et énergie la compagnie à laquelle il a voué sa vie.

Revenons sur la scène du Palais des congrès. 14 ballets sont présentés durant la soirée ; toutes les chorégraphies sont signées par Igor Moïsseïev. Le spectacle débute avec Eté, un extrait des Danses Russes. Les ensembles sont parfaitement calibrés, les danseuses rayonnantes, brio technique et lyrisme sont au rendez-vous : le ton de la soirée est donné. Les suites moldaves, qui mettent en valeur l'exubérance des danseuses, sont une vraie réussite. Le Vieux quadrille citadin, pièce trop longue qui baigne dans une ambiance de bal-musette, constitue sans aucun doute le point faible de la soirée. Les Partisans est l'une des œuvres marquantes du répertoire de la troupe. L'entrée en scène des éclaireurs, qui glissent sur le sol dans de longues capes noires tels des patineurs, est remarquable. Les Danses tziganes sont interprétées avec maestria ; le travail accompli sur les ports de bras et le haut du buste est magistral. Les Suites mexicaines et Gaucho, qui mettent en scène des danses argentines, trouvent difficilement leur place au milieu des danses russes. Elles sont néanmoins incroyablement bien interprétées. La Lutte des deux gamins, qui a visiblement convaincu le public, nous réserve un rebondissement final que l'on taira. Le spectacle se clôt sur Gopak, pièce qui laisse la part belle aux improvisations acrobatiques des danseurs. Après 1H30 de spectacle, l'énergie débordante de la troupe est intacte.

Pour Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO, « le est l'un des ambassadeurs les plus brillants de la culture russe. En 75 ans d'existence, le dynamisme virtuose de ses danseurs et la diversité de son répertoire ont fait le ravissement du public sur les cinq continents. L'UNESCO salue l'immense contribution du ballet d'Igor Moïsseïev au rayonnement culturel de toutes les Russies, au rapprochement des cultures et à la diffusion, par les arts, d'un idéal de paix. ». Depuis la disparition du fondateur de la troupe en 2007, Elena Scherbakova a repris le flambeau et veille à préserver l'héritage et le style Igor Moïsseïev. La compagnie a survécu à son créateur.

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