Pour la 17e année consécutive, les Révélations classiques de l'Association artistique de l'Adami nous révèlent de jeunes talents de premier plan. Ces interprètes, bien qu'au début de leur carrière, sont tous artistiquement aboutis, et leur niveau très élevé nous étonne toujours.
Quatre chanteurs – deux voix féminines et deux masculines – et quatre instrumentistes – guitare, violon, piano et violoncelle – ont offert une prestation magistrale sous la voûte du Théâtre des Bouffes du Nord. Chaque musicien a choisi deux ou trois pièces de caractère très différent, voire opposé, ce qui témoigne de leur polyvalence et de leur capacité d'adaptation stylistique. Par exemple, après avoir joué une Gavotte de Rameau, Yannaël Quenel interprète des mélodies juives de Bloch ; le ténor Kevin Amiel chante deux airs connus du répertoire, l'air du duc de Mantoue et celui de Roméo, mais aussi un air sicilien, que l'on aurait plutôt l'habitude d'entendre dans un concert de variétés.
Il est difficile de formuler des remarques sur tous les musiciens ici, tant leur performance est soignée, mais relevons quelques notes particulièrement séduisantes. La basse Luc Bertin-Hugault, très comédien, chante la Danse macabre de Saint-Saëns avec des expressions à la fois cyniques et triomphantes ; la mezzo Ahlima Mhamdi, tout aussi comédienne, met l'accent sur le caractère divertissant de l'air de Concepcion (L'Heure espagnole), et sa voix riche convient parfaitement au répertoire rossinien. Le guitariste Gabriel Bianco, en véritable virtuose, nous livre un magistral « Romance » de la Sonate pour guitare solo de Paganini ; le changement de sonorité à chaque passage, tantôt subtil, tantôt audacieux, est vraiment savoureux. Magali Arnault Stanczak, sélectionnée dans la première promotion de l'Académie de l'Opéra-Comique, est un phénomène, sa facilité dans la vocalise, avec une voix cristalline, est absolument fascinante, mais elle a de surcroît quelque chose qui attire irrésistiblement l'attention de ceux qui écoute.
A la fin, les instrumentistes, d'une part, et les chanteurs, de l'autre, unissent leurs talents pour un grand final, dans Primavera porteño de Piazzolla et dans le quatuor final de Rigoletto. Un pur régal.