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Mozart, Clementi : Ciccolini, une vie au piano

Bientôt âgé de quatre-vingt-dix ans, , pianiste d'origine napolitaine naturalisé français depuis un demi-siècle, continue une carrière inlassable et originale.

Anticonformiste tant pour son caractère et son apparence que pour ses interprétations, on le retrouve engagé dans un nouveau projet signé « La dolce volta ». Il s'agit pour ce label de produire peu d'albums par an avec le meilleur des artistes afin de réaliser un objet d'art tant par l'excellence de son contenu que pour l'aspect de son packaging.

L'album Mozart/Clementi accompagné d'un entretien d' réalisé par Alain Cochard (ConcertClassic) et d'un petit parcours photographique en est un exemple. Il permet de faire idéalement une confrontation et une comparaison entre deux génies du piano et deux écoles pianistiques. Rien d'inédit de ce point de vue sinon la façon de Ciccolini de créer une sorte de lien entre les œuvres proposées à travers la recherche d'une même dimension tragique. Dans Mozart, en effet, on n'entend pas la gaité ou la prétendue légèreté musicale propre du compositeur mais bien au contraire une veine dramatique, presque un tourment, soulignée par la brutalité de la main gauche et par des accents assez violents. Si tels sont les caractéristiques des mouvements rapides, les Adagios sont un rare exemple de pureté mélodique et de respect total du style classique. Aucun artifice, peu de pédale et une grande clarté sonore permettent à l'auditeur d'apprécier le charme de chaque note et l'intérêt esthétique. Une telle interprétation réalisée sur un piano de concert Bechstein (D280) laisse pressentir, selon les intentions de Ciccolini, les situations dramatiques des opéras mozartiens.

Dans Clementi, c'est le caractère italien, l'aspect virtuose, la pureté des lignes classiques, en bref l'art compositionnel, la profonde maîtrise de l'instrument et la connaissance technique que le pianiste exalte. Si Ciccolini a voulu attendre quelques décennies avant d'enregistrer ces œuvres c'est justement pour les faire murir en lui-même afin de rendre le véritable caractère de ces chef-œuvres pianistiques.

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