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Tours : Raphaël Sévère flamboyant dans Nielsen

Le Concerto pour clarinette et orchestre que composa vers la fin de son splendide parcours créateur s'avère être un authentique chef-d'œuvre d'une redoutable difficulté et d'une modernité étonnante, encore quatre-vingt ans après sa création à Copenhague le 11 octobre 1928 par le dédicataire Aage Oxenvad dont la personnalité bien trempée inspira le compositeur.

Les spectateurs présents au Grand Théâtre de Tours ce samedi soir ont offert un véritable triomphe à qui vient d'exécuter une interprétation des plus flamboyante et virtuose jamais réalisée de ce concerto. Le jeune homme, sans doute le plus doué de sa génération, et promis au plus brillant avenir, doté d'une maîtrise technique confondante, d'une musicalité époustouflante et d'une sensibilité non moins prégnante, d'un enthousiasme bienfaisant parvient à intéresser son public et à le faire adhérer à cette musique jouée pour la première fois à Tours.

L'Orchestre symphonique de la Région Centre-Tours soutient très efficacement le soliste, ainsi que la caisse claire placée juste devant le chef d'orchestre dont la lecture de cette partition permit d'en faire ressortir tous les méandres : rythmiques infernales, passages très actifs, sections apaisées, ébauches mélodiques multiples. Les applaudissements nourris ont amené logiquement à proposer un bis qui enchanta aussi le public somme toute heureux d'avoir bravé une programmation tout à fait inusitée.

Le concert qui avait débuté avec une pétillante et sémillante Ouverture de Rousslan et Ludmilla (1842) de s'avère être la première présentation tourangelle de même que la troisième et dernière mouture de la Symphonie n° 5 de que jadis le public d'Helsinki découvrit sous sa direction le 24 novembre 1919. Manifestement l'orchestre nous a donné une exécution propre et honnête mais l'art sibélien exige plus de fréquentations, plus d'articulations tant il s'agit d'un monde musical et psychologique authentique et singulier que d'autres approches permettront d'exposer de manière plus convaincante.

Une soirée intéressante commencée avec les élans romantiques d'un Russe suivis d'un chef-d'œuvre foncièrement original, néo-classique, extraverti et novateur d'un Danois encore trop méconnu et achevée par l'expression des tourments intérieurs d'un Finlandais fascinant. Une belle et inédite séance offerte au public de Tours et, au-delà, la confirmation éclatante d'un indiscutable talent, celui du clarinettiste .

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