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A Berlin, Mariss Jansons remplacé sans ivresse

Le communiqué avait un petit air de déjà vu : eh non, Mariss Jansons ne dirigera pas ce printanier concert berlinois, pour des problèmes de santé qui l'ont déjà souvent éloigné des salles de concert. Il aurait pourtant été passionnant de comparer son interprétation de la première symphonie de Brahms avec les Berlinois avec son concert salzbourgeois de cet été, où il avait porté l'Orchestre Philharmonique de Vienne à des sommets d'expressivité.

En compensation, les Berlinois proposent les débuts du chef néerlandais , avec un programme à peine modifié (un Bartók pour un autre), mais des conceptions esthétiques très différentes.

Pas d'ivresse estampillée Mitteleuropa dans ce Bartók : la perspective est clairement dessinée, le geste énergique, mais pas de trace d'ivresse, pas de danse capiteuse ici. Le chef ne boude pas son plaisir lorsqu'il s'agit, dans le second mouvement, de faire sonner les uns après les autres les « couples » de vents berlinois : le métier est là, le plaisir sonore aussi. Cette manière d'aborder Bartók n'est sans doute pas inédite, mais elle n'est pas la plus courante pour autant : en pleine harmonie avec les tendances esthétiques amenées à Berlin par Claudio Abbado puis Simon Rattle, elle n'enthousiasme pas totalement, mais est menée de manière convaincante et soignée.

Il n'en est pas de même pour la symphonie de Brahms qui suit l'entracte, surtout par la comparaison involontaire avec le concert salzbourgeois de Mariss Jansons : sans doute, une vision plus analytique et dépouillée peut avoir une légitimité face à la fougue romantique du chef letton, mais à condition que cette vision analytique soit soutenue par une véritable construction et pas laissée au hasard de la succession des couleurs et des atmosphères. Elle paraît bien longue, cette audacieuse symphonie, quand on en fait ainsi une vaine démonstration de savoir-faire orchestral.

L'orchestre n'est pas de ceux qui se désintéressent de la question quand le chef ne lui paraît pas digne qu'on le suive ; pourtant, il ne se montre pas à son meilleur dans cette deuxième partie de concert. Certes, les merveilles de sonorité abondent, particulièrement dans des cordes aériennes qui masqueraient bien des discontinuités ; mais on ne comprend pas que les solos de l'admirable Guy Braunstein, premier violon en partance pour une carrière soliste et chambriste, sonnent pour une fois si étrangement acides et maladroits.

Crédit photographique : © Hans van der Woerd

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