Il revient à François-Xavier Roth de diriger, au disque, la première mondiale de la Suite n°1 pour orchestre de Debussy, redécouverte dans une bibliothèque de New-York par les musicologues Jean-Christophe Branger et Denis Herlin. Du manuscrit de la version orchestrale, il manquait l'instrumentation du troisième mouvement qui fut confiée à Philippe Manoury. Composée lors des dernières années d'études de Debussy au Conservatoire, cette Suite se présente comme un patchwork d'esthétiques très diverses : Chabrier, Gounod, Delibes et une pointe d'exotisme. On ne saurait parler de chef d'œuvre devant cette partition parfois trop lourdement démonstrative, mais le charme très « dix-neuvièmiste » opère d'autant plus que François-Xavier Roth l'expurge de ses oripeaux pompiers et la replace dans l'héritage de la musique française.
En complément de programme, le chef français affronte La Mer. François-Xavier Roth restitue l'esthétique sonore de la partition sublimée par les instruments d'époque de ses Siècles. Les tempi allants, lui permet de faire ressortir la transparence de l'orchestration et de soigner l'éclat des instruments emportés dans un rêve néo-impressionniste par la profusion de couleurs.
Sur le créneau « Debussy authentique », joué sur instruments d'époque, ce disque est sans contestation possible une référence et l'historicisme ne cède en rien sur l'art de la direction. On évolue à des niveaux au-dessus du consternant album de Jos van Immerseel.