- ResMusica - https://www.resmusica.com -

À la découverte du Padre Martini

Admiré de Mozart, plus tard professeur du jeune Rossini, le fameux Père a laissé à la postérité un nombre considérable de partitions et d'ouvrages théoriques conservés pour la plupart sous forme manuscrite au Musée International et à la Bibliothèque de Musique de Bologne.

C'est pour œuvrer à la redécouverte et à la valorisation de ce patrimoine inestimable, essentiellement inédit à ce jour, que l', sous la houlette de son énergique directeur , ont créé en 2009 le Festival Martini, une série de manifestations destinées à faire connaître l'œuvre de Martini dans divers lieux symboliques de la ville natale du compositeur. La soirée captée ici lors d'une saison du Teatro Comunale de Bologne fut ainsi l'occasion de représenter, pour la première fois depuis l'époque de leur création, deux intermezzi sur le modèle de La Servante maîtresse de Pergolèse, Il Maestro di musica et Il Don Chisciottte.

Quoique composés sur une musique généralement banale – mais toujours parfaitement agréable, voire plus… –, ces deux pièces ne manquent pas d'intérêt sur le plan dramaturgique notamment dans la manière dont elles démontent l'une et l'autre, et chacune à sa manière, les codes lyriques en vogue à l'époque, montrant à quel point le Père Martini était au fait de tous les agissements de la vie du théâtre, autant pour l'activité trépidante des coulisses de la scène que pour le discours théorique alors en cours sur le rapport entre texte et musique. Si le première ouvrage ironise quelque peu sur les changements d'esthétique à avoir marqué la scène lyrique du XVIIIe siècle – et pour une fois, c'est le jeune élève, Olimpino, qui a la nostalgie du style ancien délaissé alors que son professeur plus âgé, Tamburlano, ne rêve que d'écriture moderne… – le deuxième ouvrage, qui confronte le vieux Don Quichotte aux pièges et aux sortilèges de l'enchanteresse Alcina, donne véritablement dans le gag et dans la parodie. Ouvrages de nature ouvertement buffa, ces deux intermèdes n'en demeurent pas moins un intéressant aperçu de tous les remous qui ont marqué une époque riche en évolutions esthétiques et en rebondissements divers.

La mise en scène de confère, dans sa gestuelle très cadrée et particulièrement bien stylisée, ce petit parfum de nostalgie d'une époque révolue. Les beaux décors inspirés de dessins inédits de Dario Fo soulignent en revanche la modernité des problématiques abordées. Dans ce délicieux écrin, la mezzo et le ténor redoublent de charme scénique et de grâce vocale. Peut-être un peu jeune pour les deux rôles qu'il a la charge d'incarner, le deuxième fait valoir un timbre de velours et de soleil, qui vraisemblablement le destinera vers d'autres types emplois à l'avenir.

L', dirigée par son chef , joue avec conviction ces deux ouvrages qui n'ont rien d'indispensable ou de véritablement enthousiasmant, mais qui constituent un intéressant maillon dans l'histoire de l'opéra italien du XVIIIe siècle.

(Visited 556 times, 1 visits today)