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La Fantaisie du dernier Schumann par l’ensemble Contraste

Les trois compères regroupés sous le titre d' nous convient à la grande fête schumanienne, jamais à la débauche romantique sirupeuse et surjouée. A l'inverse, ils optent pour une lecture attachante, limpide, sans affectation et somme toute objective. Cet habillage sobre et  sans ajout poétique inadéquat sied bien également à la musique de chambre de , bien que l'on puisse aisément concevoir une approche plus audacieuse,  moins respectueuse du seul texte, plus sensible. Le programme retient cinq opus dont deux transcriptions fidèles et nous invite à revisiter ce pan majeur du catalogue Schumann. La clarinette de , extraordinaire musicien bardé de références prestigieuses, l'alto raffiné d', tout aussi talentueux, et le piano parfaitement dompté de , s'accordent à produire cette lecture « simple » et apparemment « prosaïque ». Or, à la réécoute, c'est le contraire qui se produit, tant la participation autonome de l'auditeur retrouve et réinvente la fantaisie et la poésie d'un des plus grands romantiques allemands du 19e siècle. Respect intégral du texte et liberté interprétative canalisée, exacerbent paradoxalement les immenses potentialités de la musique du Maître.

Le programme s'intéresse aux œuvres de la maturité où tant l'alto que la clarinette jouent le rôle essentiel de passeurs menant la musique depuis les notes noires couchées sur le papier à musique vers les plus hautes cimes de la création. La maîtrise des mouvements vifs, tout comme la retenue des sections lentes, équilibrent et magnifient au mieux chaque opus envisagé. Ainsi le Langsam, mit melancholischem Ausdruck, de l'opus 113, bien contrôlé et savamment bridé, émouvant cependant, suit-il un Nicht Schnell et un Rasch à la fougue domptée et néanmoins attachante. Tous contrastes révélant la complexité et la richesse de la pensée du créateur. De même pour les deux premiers mouvements Lebhaft, nicht zu Schnell et Lebhaft und sehr Markiert du Trio op. 132, pour clarinette, alto et piano, intitulé Märchenerzählungen. La même séquence se reproduit avec les deux mouvements suivants, tour à tour rêveurs et décidés, éthérés et terriens, prosaïques et géniaux.

Une intéressante immersion musicale sans faute technique, véhiculant  un choix interprétatif assumé et probe, même si un rien amputé d'un brin de « folie » schumanienne.

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