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Pina Bausch sur la terre du Sacre

Cent ans après la création du « Sacre du printemps » par Stravinsky, le donne pour la première au Théâtre des Champs-Elysées la version chorégraphiée par en 1975.

Une première qui sera peut-être aussi la dernière fois, à en croire Lutz Förster, interrogé par Le Figaro. Certains danseurs de la compagnie sont aujourd'hui beaucoup trop âgés pour interpréter cette pièce très physique et l'argent manque pour recruter de nouveaux danseurs plus jeunes.

Le « Sacre du printemps » appartient déjà – magnifiquement – au répertoire du Ballet de l'Opéra national de Paris et est assuré, de fait, d'une pérennité. Mais quid de cette gestuelle « bauschienne », dont l'ont comprend, à travers le documentaire projeté en première partie de soirée, tout le poids ? Les danseurs du portent dans leur corps tous les détails que la chorégraphe a transmis aux générations précédentes : l'arrondi d'un bras, la courbe d'une épaule, la pliure d'un coude…

D'une puissance émotionnelle et d'une dramaturgie implacable, cette version presque primitive du « Sacre » est exceptionnellement forte. Sur un lit de terre brune et sèche, les danseurs et danseuses du donne toute la mesure de leur talent et de leur sensibilité. La scansion des mouvements, leur accentuation rythmique et quasi tellurique emporte le spectateur dans un tourbillon hypnotique, en fusion absolue avec la partition. Le groupe de danseurs incarne la force du destin, le poids de la gravité, tandis que le solo de l'élue reflète le sentiment d'effroi, d'effarement, d'une femme qui ne sait pas ce qui va advenir d'elle. Un moment définitivement magique… Seul regret, qu'aucun orchestre ne soit dans la fosse pour jouer cette musique désormais centenaire.

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