Le label Cedille, spécialisé dans la promotion des musiciens de la région de Chicago, nous offre un album des plus originaux consacré à des partitions concertantes pour quatuor à cordes et orchestre.
Doyen de ce programme, Benjamin Lees, composa son Concerto pour quatuor en 1964. Sa musique, très construite et rigoureuse, porte l’enthousiasme des Trente Glorieuses avec en toile de fond une Skyline vertigineuse. Une génération plus tard, Michael Abels garde l’esprit réaliste de cette musique qui fuit tout idée d’avant-garde, mais il adopte le sens de l’évocation spectaculaire de l’Amérique post-moderne : Bugs Bunny conduit son 4×4 climatisé sur les routes désertiques de l’Arizona. Delights&Dances ne cache pas son influence de Michael Daugherty, figure de proue de cette musique américaine trop bien troussée dans sa maîtrise stupéfiante de l’orchestre.
Changement de registre avec le concerto West Side Story, directement inspiré du tube de Bernstein par l’arrangeur et chef d’orchestre Randall Craig Fleisher. Le travail est bien fignolé et la partition sonne avec toute l’énergie requise. On se délectera également de la délicieusement sucrée Saibei Dance de Ann-Lun Huang.
Tout au long de ce programme, on ne peut qu’admirer la prestation du Harlem Quartet, jeune formation composée de brillants solistes des grands orchestres étasuniens. Ils sont accompagnés avec sens du rythme et professionnalisme par le Chicago Sinfonietta et sa chef Mei-Ann Chen.