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Le Chiaroscuro Quartet bien loin de la lumière …

Lors de notre première écoute nous avions glissé la galette dans le tiroir du lecteur sans regarder de qu'il s'agissait, presque une écoute aveugle en somme, et la première réflexion qui nous est venue à l'esprit fut « mais quelle horreur ! », tellement tout sonnait mal, semblait décousu, les phrases avaient du mal à se construire.

Nous avouons que c'était là notre premier contact avec ce et une rapide recherche (dans le livret) nous permis d'apprendre que ce quatuor multinational jouait de façon « historiquement informée » pour reprendre la formule consacrée aujourd'hui, c'est à dire sur des instruments d'époque. Nous remîmes donc notre ouvrage sur le métier avec ce point bien en tête en espérant que l'envie du cruel et sûrement injuste classement vertical disparaisse.

Retour donc à l'Allegro con brio qui démarre avec une certaine hargne conquérante qui rapidement vire au système et du coup tourne quand même un peu en rond. Le peine terriblement à donner une unité à ce mouvement, horizontalement en accentuant trop les contrastes entre les sections « hargneuses » en double croches et leur pendant plus lyrique créant ainsi une rupture de flux, et verticalement par l'absence totale de fusion instrumentale, les quatre instrumentistes donnant l'impression de jouer dans leur coin, même si impeccablement en mesure. Manifestement le début de cette deuxième écoute confirme la première sensation, avec une unité de l'œuvre décidément aux abonnés absents. Et malgré notre bonne volonté, cette fois éclairée sur « l'historiquement informée » de la démarche, nous nous lassons vite de ces notes qui manquent de stabilité dès lors qu'elles durent plus d'une fraction de seconde. Cette impossibilité à tenir la note est quand même un gros handicap car, outre son aspect esthétiquement fort discutable, son systématisme empêche toute variation expressive. L'Allegretto enfonce le clou dans la plaie béante creusée par le premier mouvement, à peine adouci par l'Allegro assai vivace qui suit, le moins problématique des quatre mouvements d'un Quartetto Serioso où le style et les moyens employés par les quatre instrumentistes du nous semblent bien éloignés du minimum requis pour être au niveau du chef-d'œuvre beethovénien.

Avec Mozart, on pouvait se dire que ce style pénaliserait moins l'avancée du discours musical, et si le quatuor n°16 qui conclut le disque en donne des signes positifs, l'Adagio et fugue K.546 qui le précède, sans vie, sans le moindre élan, impulsion ni émulsion, bref totalement « mort » est un vrai mauvais moment à passer pour l'auditeur. Il nous navre de le dire, mais il n'y a rien à sauver dans ces sept minutes dénuées de la moindre seconde de musique. Si le K.428 qui conclut le disque avait paru sans les deux pièces qui le précèdent, nous aurions été sûrement plus indulgents, car en lui-même ce quatuor est incontestablement plus « musical » que ce qui précède, mais cela n'aurait pas pour autant soulevé notre enthousiasme, juste inspiré un encouragement à faire mieux à ces quatre musiciens, alors que les deux autres pièces du programme nous obligent à leur dire que l'idéal en musique est beaucoup, mais alors beaucoup plus haut que ça.

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