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Remplacement bruxellois de luxe avec B.Haitink et M-J Pires

Initialement ce concert devait être le grand évènement de la saison belge avec le retour au Palais des Beaux-Arts de Claudio Abbado et de Martha Argerich. Suivant les conseils de ses médecins, le maestro italien a annulé ses tournées et sa fidèle Martha a renoncé derechef à sa venue. Les organisateurs n'ont pas capitulé et ils ont trouvé un autre tandem de stars : le chef et la pianiste . Le programme, légitimement modifié, restait centré sur le répertoire classique : Beethoven et exclusivement Beethoven.

Bien que moins présent à Bruxelles au fil des dernières saisons, est cher au cœur du public de la grande salle Henry Le Bœuf, qu'il a régulièrement honoré au pupitre des orchestres dont il a eu la charge. Pourtant Beethoven n'est pas le répertoire auquel on le rattache spontanément : aucune de ses deux intégrales des Symphonies (Philips avec le Concertgebouw d'Amsterdam et pour LSO Live) ne sont des références. Le Beethoven de Haitink est plutôt en marge des canons musicologiques actuels marqués par les relectures de Nikolaus Harnoncourt, de David Zinman ou de Paavo Järvi. Ce Beethoven est majestueux et drapé dans une esthétique à la fois raffiné et solidement construite. Le sens de la forme est le grand atout de ce Beethoven modérément rapide, puissant et travaillé dans ses détails jusqu'aux moindres inflexions des transitions. C'est particulièrement vrai des deux ouvertures jouées ce soir : Leonore II et Egmont (en bis), superbement construites mais plus techniquement démonstratives que foncièrement dramatiques. La Symphonie n°4 fut plus convaincante car plus adaptée au traitement du chef. Le soin apporté à rendre audible toutes les lignes mélodiques et à faire sonner la masse orchestrale avec puissance et vivacité étaient exemplaires de l'art du chef.

Très attendue dans le Concerto pour piano n°2, Maria-João Pires formait un duo impérial avec le . Les deux musiciens sont sur la même longueur d'ondes, imprégnés par la volonté de faire ressortir la motorique et la logique de cette pièce traitée comme un Beethoven regardant vers l'avenir. La maîtrise stylistique et technique des deux compères fit apparaître une multitude de détails. Bien qu'acclamée par le public, la pianiste ne concède aucun « bis ».

Formation créée en 2004, l'Orchestre Mozart de Bologne est composé de jeunes musiciens, majoritairement italiens bien qu'encadrés par des tuteurs d'envergure à l'image de l'altiste Wolfram Christ, ancien chef de pupitre du Philharmonique de Berlin. Le niveau technique et l'homogénéité de cette jeune phalange sont en tous points exceptionnels. On distingue des cordes à la belle fraîcheur latine, des vents fruités et inspirés et des cuivres plutôt précis.

Crédits photographiques : M-J Pires/DR

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