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Pablo Heras-Casado revigore Schubert

Dans la (longue) liste des jeunes chefs en devenir, il ne faut pas négliger le jeune espagnol . Né en 1977 à Grenade, ce musicien s'affirme comme l'une des baguettes à suivre : déjà invité des orchestres de Berlin et d'Amsterdam, il fait, cette saison, ses débuts au Metropolitan Opera et au Philharmonique de New-York. A l'opposé des chefs dont le talent éclot sur le « cœur de répertoire symphonique spectaculaire  » à l'image de Gustavo Dudamel, Andris Nelsons ou Vasily Petrenko, est un chef à l'amplitude musicale rare car il est autant à l'aise dans le contemporain que dans le répertoire classique et même lyrique. A La Monnaie de Bruxelles, il avait fait forte impression dans la création mondiale de Matsukaze de Toshio Hosokawa et on l'avait particulièrement apprécié au pupitre de Grandeur et décadence de la ville de Mahagony à Madrid (production immortalisée en DVD).  Pour son premier disque 100% symphonique, il se risque dans deux symphonies de Schubert à la tête d'un orchestre sur instrument d'époque dont il est un fidèle collaborateur : le .

En matière de Symphonies de Schubert, les données sont simples : la discographie est dominée par des grandes références : Claudio Abbado (DGG) avec un orchestre moderne et Frans Bruggen (Philips) avec un orchestre « authentique ». Redoutables pour le chef qui doit s'y montrer d'une précision stylistique des plus exigeantes, ces deux symphonies sont revitalisées par la baguette de . Dans la Symphonie n°3, il rend à merveille la pulsation presque chorégraphie de cette œuvre à cheval entre le monde classique et déjà illuminée par le romantisme en clair-obscur. Par ailleurs, on admire le travail sur les dosages des cuivres et des percussions au service de dynamiques jamais démonstratives ou envahissantes. Dans la Symphonie n°4, Pablo Heras-Casado trouve le bon équilibre entre la fraîcheur instrumentale et la gravité du ton ; l'oreille est attirée par la franche poésie des vents subtilement mis en évidence comme le moteur du dialogue entre les pupitres.

Il faut donc retenir ce disque comme une grande réussite par un musicien majeur de notre temps et qui n'a pas froid aux yeux car s'affirmer dans Schubert est autrement plus téméraire que de ressasser les grosses machines orchestrales de Richard Strauss, Gustav Mahler ou Piotr Illich Tchaïkovski.

 

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