Si l'on rattache volontiers le nom de Claudio Abbado aux symphonies de Schubert, Brahms et Mahler et aux œuvres de Berg et Schoenberg, il est également un brucknérien émérite. Cependant, le chef italien est un brucknérien sélectif qui ne se confronte qu'à quelques Symphonies : les n° 1, n° 4, n° 5, n° 7 et n° 9.
C'est avec une belle célérité qu'il défend la Symphonie n° 1, pourtant rarement donnée en dehors des intégrales. Ce nouveau témoignage, capté à Lucerne, en 2012, est sa troisième version au disque : après les lectures viennoises gravées en 1969 pour Decca et en 1996 pour DG. Les puristes noteront qu'Abbado abandonne la version Linz au profit de la version viennoise de 1891.
Dans une discographie que le chef italien dominait déjà, il récidive et prend à nouveau la première place du podium. Le gros atout de cette lecture réside dans la plastique de l'Orchestre du Festival de Lucerne : les dynamiques sont puissantes et précises et les individualités sont exceptionnelles (les dialogues des vents sont de véritables moments chambristes).
Abbado replace cette œuvre aux frontières de ses influences du passé (Schubert, Brahms) et montre la radicalité personnelle de Bruckner dans ses développements thématiques et dans sa force orchestrale. Cette version, superbement captée, s'affirme donc comme la grande référence de la discographie.