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Les Sept Paroles de Saint Silouane de l’Athos par Alexander Raskatov

Le compositeur russe , qui sera à l'affiche de l'Opéra national de Lyon en janvier prochain avec la création française de son opéra à succès Cœur de chien, a visé haut – spirituellement et musicalement – avec sa Monk's music, sous-titrée les Sept Paroles de Saint Silouane de l'Athos.

Cette œuvre pour baryton et quatuor à cordes reprend des paroles de Syméon Antonov (1866-1938) un fort gaillard russe simple et bon vivant devenu moine au Mont Athos en Grèce et canonisé par l'église orthodoxe en 1987. Il compte aujourd'hui parmi les saints russes les plus respectés, et Arvo Pärt lui avait d'ailleurs déjà consacré une œuvre, Silouans song pour orchestre à cordes en 1991.

Créée seulement en mars dernier, l'œuvre avait été composée en 2005 pour le Quatuor Borodine. Valentin Berlinsky en avait accepté le projet avec enthousiasme mais tombera malade peu après avant de décéder en 2008. Elle est dédiée à la mémoire de Mieczyslaw Weinberg, autre figure majeure dans le panthéon musical de l'Union Soviétique de la seconde moitié du XXe siècle. Une dédicace a priori surprenante car Weinberg était d'origine juive, mais il s'était converti à la religion chrétienne orthodoxe en janvier 1996, deux mois avant sa mort.

Conçue en référence assumée avec les Sept dernières Paroles du Christ en Croix de Haydn, l'œuvre explore les mystères de la foi et la recherche de Dieu (1ère et 6ème Paroles), de l'humilité (3ème Parole), de la douceur donnée par l'amour de  Dieu (4ème Parole), pour aboutir à la paix de l'âme (7ème Parole), quête de toute la vie du starets Silouane.

Lente et dense – tous les mouvements sont adagio sauf le 6ème, andante, centrée sur les thèmes de recherche spirituelle du saint, l'œuvre est exigeante et par là sans concession avec l'air du temps, mais elle le fait avec chaleur et un sens prégnant de l'universel. L'interprétation de , baryton au sein du prestigieux Hilliard Ensemble, trouve le juste équilibre entre solennité et humanité, et donne l'assise sur laquelle le Carducci Quartet déploie son commentaire musical méditatif et concentré. Une œuvre qui à l'instar de son sujet, n'est pas prête d'épuiser son message.

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