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Visite annuelle de l’Academy of St Martin in the Fields

Si l'an dernier l'Academy of St Martin in the Field et son Principal Guest Conductor, , avaient offert deux soirées au public parisien, c'est un unique concert qui était au programme cette saison, où nous retrouvions toutefois le traditionnel découpage en trois temps, avec une ouverture où l'orchestre joue sans chef puis un concerto dirigé du piano par qui dirige ensuite une symphonie.

Le ton général de cette soirée était donné, sans que nous le sachions alors, par le concerto Dumbarton Oaks que Stravinsky composa à la manière des Concertos Brandebourgeois de Bach. Car justement de ton cette exécution en manqua franchement, on ne sut pas très bien sur quel pied danser au long de ce petit quart d'heure de musique qui ne sonnait ni comme un hommage à Bach, ni comme une réinvention du style classique, ni comme une œuvre originale. Un peu comme si, dépourvu de la ligne directrice apportée par le chef qui leur manquait ce soir, les musiciens de la pourtant expérimentée Academy londonienne s'étaient contentés d'aligner les notes sans leur donner une âme ou au moins une nécessité.

On se dit que la Symphonie n°77 de Haydn jouée dans la foulée, juste le temps d'un ajustement de plateau, avec cette fois-ci à la baguette, allait forcément changer la donne, d'autant que l'an passé, il avait joliment réussi son Roulement de timbales. Et bien pas tellement, le Haydn de 1782 ayant manifestement moins inspiré le chef que celui de 1795. C'est donc une version sans grande vitalité ni savoureuses couleurs (et on en sait l'orchestre parfaitement capable) qui nous fut présentée ce soir, et donc pas spécialement enthousiasmante.

Le concerto du soir, rien moins que l'Empereur beethovénien, étant sans conteste la pièce majeure du concert, il trouvait donc sa place après l'entracte. Comme certains de ses confrères Murray Perahia le dirigea du clavier, nous confortant une fois de plus dans l'idée que ce grand concerto atteint et même dépasse les limites de l'exercice, et qu'un chef « à temps plein » n'y est pas un luxe. Ne serait-ce tout bêtement que d'un point de vue acoustique, le piano n'étant plus perpendiculaire à la salle avec son couvercle renvoyant le son vers le public, mais dans l'axe de la salle et bien sûr sans couvercle. Inévitablement le son ainsi envoyé vers le ciel et non plus vers les auditeurs faisait défaut à nos oreilles. Si Perahia chef ne nous parut pas ici plus engagé et dynamique qu'avant l'entracte, il ne fut pas réellement sauvé par le pianiste qui ne se montra pas ce soir sans reproche, plusieurs fois  franchement brouillon dans le premier mouvement, et non sans accrocs dans le finale. Seul le mouvement lent s'écoula sans histoire, mais aussi … sans histoire.

On a donc connu bien mieux avec cet orchestre et ce pianiste chef, et on reste persuadé qu'ils nous donneront encore des concerts plus réussis et vivants que cette édition 2013 un peu fade et même difficultueuse par moment. Le public était néanmoins aux anges. Il eut droit à un bis concertant, le mouvement lent du Concerto BWV 154 de Bach, sans doute le meilleur moment de la soirée.

Crédit photographique : Murray Perahia © Udo Titz – Sony Classical

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