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La Symphonie n°7 de Philippe Chamouard à la portée de tous

Des neuf symphonies actuellement composées par , nous commençons à en connaître quelques-unes. Cette dernière éditée qui nous propose d'approfondir le monde symphonique de ce compositeur français quasi inconnu. Nous pourrons difficilement nous faire une idée globale de l'évolution de son art puisque l'auteur a décidé de détruire la totalité de ses partitions antérieures à 1987. Il s'est justifié de cet autodafé qui en rappelle d'autres volontaires – Dukas, Duparc, Varèse – ou accidentels – Magnard, Tveitt. Quoiqu'il en résulte, c'est toutefois au détriment du mélomane qui comprend mal ce geste et restera pour l'éternité frustré. a commis l'acte irréparable par honnêteté intellectuelle, tenant à ne conserver que les partitions qui s'éloignaient définitivement de toute influence et de toute école. Il est bon de préciser en outre que Chamouard est, en plus de posséder un réel talent orchestrateur, un éminent spécialiste de Gustav Mahler. Son doctorat sur l'orchestration de ces symphonies et son livre « Mahler tel qu'en lui-même » en font foi.

La Symphonie n°7 date des années 2006 / 2007. Son langage classique mélodique et harmonique place l'auteur sur la voie d'une esthétique sonore très proche du grand public. Elle ne nécessite aucun effort particulier d'écoute et on se laisse emporter par la simplicité efficace de ses quatre mouvements. La symphonie n'est pas pour autant descriptive, elle se veut musique pure sans artifice référentiel. Un leitmotif rythmique parcourt l'oeuvre, le rapport entre les vents et cordes est bien équilibré et la qualité mélodique indéniable. Avec les autres références sorties – la n°3, la Tibétaine, la Mystique – on commence à percevoir certaines habitudes d'écriture, certaines couleurs orchestrales récurrentes, une dynamique des tournures mélodiques clairement identifiables.

Les rêves de l'ombre (2012) complètent habilement la grande symphonie. Il s'agit d'une espèce d'illustration musicale inspirée par la poésie chinoise du dix-septième siècle : « si j'étais un homme, que je sois un rêve ; si j'étais un rêve, je serais l'ombre de ce rêve. » Le choix de l'orchestre cordes pour cette oeuvre renforce par sa nature l'impression d'insaisissable, de flou, symbolisée par un motif très bref qui s'enroule sur lui-même de manière informelle. De la musique qui évoque, qui laisse flotter le nuage sonore imaginaire de l'auditeur.

À défaut d'autres possibilités comparatives, on ne peut que faire confiance aux interprètes. Claude Brendel qui joue Les rêves de l'ombre avait déjà brillamment interprété la Symphonie n°8 avec le même Orchestre symphonique du Conservatoire de Rouen. prend la relève avec l', rompu à un répertoire « parallèle » au monde classique, et à l'aise dans un répertoire à construire.

Une courageuse publication éditoriale à suivre qui dépasse la simple curiosité et dont on a du mal à comprendre l'indifférence presque totale qui entoure cette musique.

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