Physicalité, brutalité et énergie de la danse du Québecois Dave St-Pierre dans le troisième volet de sa trilogie au Théâtre de la Ville. Invité pour la première fois en 2011 à Paris, il a choisi de revenir avec trois pièces différentes, dont la toute dernière, Foudres, a été créée en 2012 à la Maison de la Danse de Lyon.
Comment tombe-t-on « en amour » ? Qu'est-ce que cela fait quand on devient amoureux ? C'est, avec un délicieux accent québécois, la question de départ du nouveau spectacle de Dave St-Pierre, venu avec toute sa compagnie pour une quinzaine de jours au Théâtre de la Ville.
Des cupidons nus aux ailes blanches éructent, s'invectivent, lancent des flèches à destination d'un couple captif. Ce couple fragile et manipulé semble servir de cobaye sous la loupe grossissante de Dave St-Pierre. A intervalle régulier dans le spectacle, ce couple sera torturé, détruit, exposé et mis à nu, sans la moindre aménité.
Cet objet d'examen à destination de cupidons mal élevés, mais souhaitant sincèrement mieux faire, est au cœur d'une assemblée dissipée de cupidons réunis en cercle sur le mode des Alcooliques Anonymes. L'occasion d'une thérapie de groupe dans toutes les langues, démonstration de pratiques sexuelles contemporaines à l'appui, qui s'achèvera par un délicat hommage à Pina Bausch, en robes de soirée, nœuds papillon et défilé chaloupé.
Au centre du spectacle, une séquence de danse pure, physique et énergique comme seuls les québécois (et certains belges) savent le faire, est littéralement à couper le souffle. Des tables ajustées bout à bout délimitent un podium au-dessus duquel les danseurs sautent ou s'appuient, pour des figures ébouriffantes. Une démonstration de l'énergie débordante du chorégraphe canadien, qui présente lui-même ses interprètes sur scène et nous gratifie de la vision de ses fesses pendant 10 secondes (pour les photos seulement). Drôle et… déculotté.
Crédit photographique : photo © Wolfgang Kirchner