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Ce que nous dit le Concerto à la mémoire d’un ange par Alain Galliari

Après son livre somme sur Anton Webern – une monographie que les Editions Fayard font paraître en 2007 – et à la lumière de ses connaissances exhaustives de la seconde Ecole de Vienne, le musicologue focalise ici son propos sur le Concerto à la mémoire d'un ange d'Alban Berg.

L'oeuvre est issue d'une commande passée à Berg par le violoniste Louis Krasner au début de l'année 1935. Mais c'est la mort, au mois d'avril de cette même année, de Manon Gropius, la fille d'Alma Mahler, qui joue le rôle de déclencheur d'une partition écrite dans l'urgence et désormais dédiée « à la mémoire d'un ange ». Elle est aussi l'ultime composition d'Alban Berg qui va mourir dans cette même année 1935 d'un anthrax, six mois après l'achèvement du concerto pour violon. De là à considérer ce concerto comme le Requiem de Berg, qui aurait eu la prémonition de sa mort, il n'y a qu'un pas que refuse de franchir . L'auteur démontre bien au contraire, et partition en main, que le Concerto à la mémoire d'un ange, prolonge et creuse le sillon autobiographique de la Suite lyrique écrite dix ans plus tôt, et devient le lieu d'une expérience personnelle, une méditation sur la vie provoquée par la mort de Manon.

Revenant d'abord sur cette année 1935, dans laquelle se concentre l'histoire du Concerto, se réfère ensuite aux clés secrètes du langage musical de Berg (les lettres et les chiffres que le compositeur viennois combine secrètement) pour étayer très judicieusement sa thèse. Il sonde enfin plus avant le mystère de cette oeuvre d'une bouleversante beauté – « ce que nous dit le tout » – à travers une réflexion personnelle et des révélations inédites autant qu'éclairantes.

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