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Benjamin Millepied en galop d’essai au Châtelet

Alors qu'il prendra dans un an la direction du Ballet de l'Opéra de Paris, est revenu au Théâtre du Châtelet avec le deuxième programme du L.A. Dance Project, un collectif qu'il a fondé avec quatre autres créateurs.

Bien que Français, est tellement imprégné de culture américaine qu'il a lui aussi adopté le principe du programme mixte de quatre pièces d'une vingtaine de minutes. Si l'on ajoute à ce saucissonnage, émaillé de deux entractes, le mauvais rapport-scène/salle du Théâtre du Châtelet pour la danse, on obtient deux heures de spectacle plutôt ennuyeux.

La soirée commence avec Morgan's Last Chug, une création récente d' pour les danseurs du L.A. Dance Project. Dans des lumières diffuses, sur une bande son discontinue et nostalgique, ces remarquables interprètes ne parviennent pas à installer la sensation d'intimité nécessaire pour partager cette pièce avec le public. Difficile alors d'apprécier à leur pleine mesure les subtiles évolutions et le mouvement fluide de ces cinq remarquables danseurs, tout en souplesse et en rebond.

Place ensuite à Peripheral Stream, la création mondiale du japonais Hiroaki Umeda. Elle est hypnotique essentiellement grâce à sa musique et aux projections géométriques en noir et blanc qui font office de scénographie. Du côté de la chorégraphie, rien d'innovant, si ce n'est une extraordinaire décontraction des épaules, des torses et des jambes du quatuor de danseurs américains. Parmi eux, et sont époustouflants !

Le meilleur moment de la soirée nous est offert juste après, avec le magnifique duo de Closer. A l'occasion de ce programme, il est repris par deux danseurs du Ballet Jazz de Montréal. De très grands artistes à la forte personnalité qui illuminent ce duo sensuel et amoureux, ample et rayonnant. Magnifique, est élégante et solaire, tandis que son partenaire est un soutien solide.

Changement de style avec Murder Ballades, la création de , jeune chorégraphe issu du New York City Ballet, qui aurait pu créer la surprise. Malgré son atmosphère juvénile et « collège », le ballet revient sur les meurtres de masse commis ces dernières années aux Etats-Unis et s'interroge sur la violence de sa société. La note d'intention indique que Justin Beck souhaitait s'inscrire dans la tradition des Murder Ballades, ces chansons qui racontait les crimes les plus célèbres. Mais il n'atteint jamais son but dans ce ballet sans profondeur aux accents dynamiques de comédie musicale.

Espérons que les programmes que Benjamin Millepied aura envie de proposer sur les scènes de Garnier et de l'Opéra Bastille ne ressembleront pas à celui-ci et feront la part plus belle à l'audace, à la transgression et à l'invention chorégraphique.

Crédit photo : Marie-Noëlle Robert / Théâtre du Châtelet

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