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Tosca à Budapest

Reprenant une production largement rodée déjà servie par plusieurs distributions, l'Opéra d'État Hongrois programmait Tosca dans le cadre du Festival de Printemps de Budapest.

Si la distribution était fortement hongroise, du rôle titre qui fit ses classes à deux pas de l'opéra à l'Académie Franz Liszt, au chef d'orchestre Balázs Kocsár, la présence du ténor argentin donnait la couleur internationale attendue pour ce festival.

Construit sur le modèle de l'Opéra de Vienne mais en plus petit sur l'ordre express de l'Empereur François Joseph, l'Opéra de Budapest profite de ses raisonnables dimensions pour offrir au public une proximité acoustique et visuelle fort appréciable. Ainsi, et contrairement à certaines autres salles d'opéra, il n'est point besoin ici de pousser le volume sonore pour se faire entendre et les chanteurs ont toute latitude pour nuancer leur expression sans risquer de ne pas être perçus par les auditeurs. Pour autant il nous parut évident que ce n'était cette carte musicale qui allait être jouée ce soir mais plus volontiers un engagement vocal viril et musclé poussé par un soutient orchestral tout aussi puissant. Il fallait donc une distribution physiquement en pleine forme pour se sortir par le haut de ces généreux décibels et il faut avouer qu'aussi bien Tosca que Cavaradossi furent de ce point de vue magistralement servis par et , à la vaillance indestructible ce soir. On s'en doute, la contrepartie de cette conception héroïque fut un déficit de nuances et de subtilités, avec un jeu finalement assez premier degré. D'ailleurs l'ensemble de cette production, scéniquement classique et fidèle au livret, l'époque et les lieux où se déroulent l'action étant parfaitement respectés, reste assez premier degré et ne cherche pas à pousser les personnages ni les jeux de scènes plus loin que nécessaire. La lisibilité est irréprochable, aucun point d'interrogation ne venant troubler l'esprit du spectateur, mais l'aspect quelque peu pépère et parfois nonchalant de la mise en scène et du jeu d'acteur n'était pas propice à soulever l'enthousiasme à lui tout seul. A l'exception d'une belle idée de mise en scène juste après que Tosca ait occis le vilain Scarpia, sans doute la seule réellement porteuse d'émotion dans cette scénographie propre mais un peu lisse.

Vocalement le plateau fut vaillant, et clairement dominé par le duo des amants. D'ailleurs leurs duos musicaux constituaient incontestablement les meilleurs moments de cette soirée. Si composa physiquement et vocalement l'amoureuse jalouse finalement prise à son propre piège, mit plus d'engagement dans la voix que dans son jeu de scène, traversant le drame qui allait lui couter la vie avec une nonchalance qu'heureusement la prestation vocale compensa. De son côté Mihály Kálmándi composa un Scarpia dur et méchant à souhait, n'attirant sur son personnage aucune sympathie, sans être caricatural pour autant. Le reste de la distribution, répartie sur plusieurs rôles de moindre importance comparé aux trois personnages principaux, fut très honorablement tenu, même si on nota ici où là une façon pas toujours idiomatique de prononcer l'italien.

Le chef d'orchestre Balázs Kocsár, qui est aussi le directeur musical du Festival de Printemps, assurait la direction de l'orchestre de l'opéra ce soir. Faisant sonner ses troupes avec franchise et netteté, volontiers haut et fort, il donna une couleur plus dramatique que vibrante à cette musique, assumant jusqu'au bout le caractère droit et tout d'un bloc de cette production.

Crédit photographique : Csilla Boross (Tosca) et Mihály Kálmándi (Scarpia) – José Cura (Cavaradossi) – mars 2014  © Attila Nagy

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