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Les divinités maories de Lemi Ponifasio au Théâtre de la Ville

Après la déflagration initiale qui déchire les oreilles des spectateurs, des corps de moines s'emparent du rituel, donnant aux premiers instants du nouveau spectacle de une dimension sacrée.

Danses rituelles, haka stylisé, ces moines conjuguent contrôle des gestes et apaisement des sens. Dans la suite du spectacle, le chorégraphe samoan oscillera toujours entre cette dimension sacrée – voire divine, et la vanité érotique et esthétisante d'une figure articulée de femme aux formes hypertrophiées. Pourtant, pendant une heure trente, ne fait rien de ce féminin exacerbé et mécanique – corps fantasmé, sublimé, offert sur l'autel d'on ne sait quel culte.

dans The Crimson House (la maison cramoisie) est le chorégraphe des grands effets : roulements de tonnerre, sons stroboscopiques, néons aveuglants ou halos diffus d'où émergent des figures célestes (ange ou démon ?). Derrière cette esthétique faussement new age, il fait sourdre un discours qui dénonce toutes les dictatures. Un orateur éructant à la voix déformée par un vocoder apparaît d'ailleurs à plusieurs reprises dans le spectacle. Le chorégraphe craint-il un monde robotisé et formaté à l'instar de 1984 le roman de George Orwell ? Quel message de guerre ou de paix veut-il défendre ? L'ange qui à la fin du spectacle coupe ses ailes et devient homme, laissant derrière lui la trace cramoisie de son sang, semble lui choisir la terre plutôt que le ciel.

Crédit photographique : © Lemi Ponifasio

 

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