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The Gospel According to the Other Mary de John Adams

est le compositeur nord-américain vivant le plus joué dans le  monde. Son parcours créateur passionne. A juste titre.

Depuis ses débuts dans les sillons de la musique minimaliste jusqu'à cette production récente, The Gospel According to the Other Mary, une succession permanente de métamorphoses ont caractérisé et enrichi un exceptionnel itinéraire et une non moins incomparable production.

Cet opéra-oratorio de Pâques en deux actes et onze scènes créé à Los Angeles en mai 2012 a connu en mars dernier sa création française sur la scène de la salle Pleyel. Il s'agissait d'une mise en scène réduite au minimum sur une surface réservée principalement à l'orchestre. En dépit de sources multiples et variées (cf notre chapô), la « patte Adams » se charpente sur une orchestration assurée, brillante, virtuose, très souvent stimulante où alternent et s'interpénètrent la musique répétitive et la pulsation hypnotique ou expressive du compositeur. Sa musique s'enrichit de zestes de jazz-rock, de traces (bien décelables) de Gospel, de marques acceptées de la tradition dite classique, de relents de musiques traditionnelles, d'attentions géniales apportées aux thèmes et à l'harmonie…

Toutes ces appréciations enrichissent sans conteste un pan majeur du courant post-moderne. Si, à notre avis, l'orchestre constitue le point fort de cet oratorio, il faut préciser que le texte s'appuie sur l'histoire de la Passion et de la Résurrection du Christ. Brièvement, le livret fait apparaître Marie Madeleine (« l'autre Marie »), Marthe, sa sœur et Lazare, leur frère, dans leur accompagnement de Jésus vers la mort. Cette narration est également réflexion contemporaine sur la condition humaine d'où la richesse et la diversité du livret et sa proximité avec notre actualité souvent violente, injuste, chaotique et douloureuse. Ce voyage dans le temps et cette chronique d'aujourd'hui reçoivent le renfort d'exécutants de la meilleure veine. Les solistes, parfaitement en place vocalement et théâtralement, le chœur allant avec assurance de l'exaltation à la méditation, ainsi  que l'Orchestre philharmonique de Los Angeles, véritable pivot, capital et décisif, de l'ensemble. Avec le dynamisme et les transports du chef venezuelien le casting est complet et la réussite  (en oubliant certains longueurs, quelques banalités et une inspiration ponctuellement chancelante)  presque totale.

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