Il serait dommage de ne pas accorder toute l'estime qu'il mérite au travail de l'ensemble Les Festes d'Orphée, qui s'est donné pour tâche de redécouvrir le répertoire baroque provençal. C'est ici le neuvième des enregistrements de l'équipe, édités principalement chez Parnassie, mais aussi chez K617 (pour des motets de Jean Gilles).
Le succès de l'entreprise tient certainement à cette spécialisation. On ne sait presque rien des compositeurs Auphand et Dupertuys, dont les œuvres sont conservées par la prodigieuse Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. Mais les musiciens de Guy Laurent trouvent le ton qu'il faut à cette musique naïve et enjouée. De fait, ce sont des motets savants, pour la forme, mais le fond en est tout populaire, fait de « parodies » (reprises) de thèmes profanes à la mode, eux-mêmes déjà devenus des « Noëls ». On est ainsi frappé dès le début du Dixit Dominus en reconnaissant la marche de l'Arlésienne de Bizet. L'utilisation d'airs galants sur des paroles menaçantes ou solennelles produit souvent un effet assez amusant.
En complément, la Nativité de Campra, restituée à partir d'un manuscrit de la Bibliothèque nationale, offre de jolis moments, mais le modèle, les pastorales de Charpentier, semble quelque peu affadi. Les limites des interprètes apparaissent un peu plus. Néanmoins, le charme de ce répertoire et la qualité de l'interprétation donnent un enregistrement digne d'être écouté.