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Le Mozart au naturel de Paul Badura-Skoda

Le simple fait que , musicien réputé pour ses interprétations sur pianoforte se serve d'un piano moderne pour confier ses intentions musicales à propos des concertos de Mozart mérite d'être précisé. Sa position de soliste-chef va dans le sens de beaucoup d'artistes qui ont retrouvé la façon de faire du XVIIIè siècle, à savoir le compositeur-interprète qui se passe volontiers d'un chef dans des œuvres qui ne cherchent pas de conflits avec la masse orchestrale mais au contraire échange et dialogue en permanence. En dernier lieu, les cadences viennent là aussi du pianiste et personnalisent avec caractère les mouvements qui laissent un instant place à l'inventivité improvisatrice.

n'a pas innové en la matière à tous ces niveaux. Et la concurrence est lourde et nombreuse. Mais un certain charme se dégage néanmoins chez ce monsieur au soir de sa vie, une possible synthèse artistique se dessine, une espèce de plaisir naturel et sans prétention, fruit paradoxal d'une grande maturité, d'une grande expérience musicologique. On prendra d'ailleurs un malin plaisir à sentir sous ses doigts experts un toucher de pianofortiste, une attaque et une conduite des phrases très particulière qui va logiquement dans le sens du travail de toute une vie. Les Steinway sous les doigts de Badura-Skoda sonnent tout aussi autrement que le Philharmonique de Vienne sous la direction d'Harnoncourt ! Miracle des grands interprètes qui savent plier leurs instruments à leurs volonté.

L' vient soutenir le vieux maître dans ce septième volume qui pourrait bien marcher sur les voies d'une intégrale. Un orchestre aux couleurs un peu rêches, aux attaques tranchantes, là aussi en distance avec une précision chirurgicale bien trop froide, une approche lisse, trop agréable, trop séduisante et sans doute inutile dans ces morceaux. Les rapports sonores entre soliste et orchestre sonnent justes et assez équilibrés. Les échanges musicaux fonctionnent avec souplesse et simplicité. Un esprit presque brut de découverte sourd, comme si l'on entendait ces concertos très connus en création, avec le réalisme un peu franc, ou la découverte à froid de chefs-d'œuvre, sans arrière-pensées idolâtres bourrées d'apriori.

 Régénérant et stimulant, très loin de la routine.

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