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Une vision uniforme du Brass Band

L’indéniable qualité professionnelle du Paris Brass Band s’identifie immédiatement : justesse absolue garante d’une puissante homogénéité des sons, précision des attaques, bonne équilibre des instruments entre eux, batterie présente mais toujours en soutien. Des deux instrumentistes eux non plus, jouant seuls ou en duos, nous ne nous aventurerons pas à remettre en cause leurs capacités musicales et pulmonaires. Cependant, plusieurs éléments nous incitent à porter un jugement mâtiné de quelques précisions techniques qui nous engagent sur une voie plus nuancée qu’une absolue approbation.

Tout d’abord la présentation. Le livret ne nous apprend strictement rien sur les auteurs des morceaux enregistrés. Désolé d’avoir à dire que ne nous ne savons rien de Peter Graham, Philip Sparke, Goff Richards, Fritz Voegelin, Willian Himes et Simon Kerwin. Sans doute personnages bien meiux connus du monde du brass, l’auditeur issu d’une autre culture restera sur sa faim. Autre remarque plus technique qui explique en partie notre seconde réserve. Le Brass Band, tout comme la (Batterie-)Fanfare se distingue de l’Orchestre d’Harmonie par le fait que les bois ne font pas partie des rangs. Exit la rondeur de la clarinette basse et du basson, la chaleur des saxophones (sopranos, ténors, altos et barytons), le piqué du hautbois, la douceur des flûtes, le boisé des clarinettes, sans parler de leurs notes aiguës doublées de celles du piccolo qui ajoutent énormément de variété à la pâte sonore. Ici, on reste cuivrés, et malgré les différences énormes des instruments entre eux (le tuba et la trompette par exemple), l’impression globale reste celle d’une bien trop grande uniformité acoustique qui au bout du compte finit par lasser. Il faudra dans l’absolu écouter un ou deux morceaux et y revenir le lendemain… Et ces morceaux, parlons-en justement.

 Rien ne permet d’en distinguer un plus que le suivant. D’un conventionnel assez déroutant, jamais ne serait-ce que l’espace d’une seconde, il ne viendra bouleverser, déranger ou surprendre une oreille constamment flattée, enrobée dans des mélodies douces-sucrées, loin de l’amertume que l’on aimerait entendre. Cela tient expressément au langage des compositeurs dont on arriverait presque à comprendre le silence livresque. Un choix archi-classique, convenu, d’un académisme courtisan dont on pourrait presque croire symbolique du brass band, ce qui n’est heureusement pas le cas.

Cet enregistrement s’adresse donc à un public averti de ces spécificités. Alexis Demailly au cornet et Bastien Baumet à l’euphonium performent en virtuoses accomplis, irréprochables. On ne peut que souhaiter les retrouver dans une musique plus saillante.

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