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Festival de violoncelle de Beauvais 2014

La ville de Beauvais, qui se transforme chaque année en une cité du violoncelle au mois de mai, célèbre la paix en guise de commémoration des deux Guerres mondiales.

C'est ainsi que le concert « Revolts » évoque la Grande Guerre avec notamment la création mondiale de Suite et Liesse d'. L'œuvre est divisée en deux parties de trois mouvements chacune, dans l'ensemble bien rythmé, avec des citations entre autres de Dutilleux et de Dukas (Apprenti sorcier) et quelques notes de jazz. Attachée à la tonalité, sauf le premier mouvement en hommage à son père Roger Calmel (référence à une tendance musicale au milieu du 20e siècle), la pièce met en valeur les sonorités de chacun des quatre saxophones et le violoncelle, traités comme un quintette. Lumineuse, elle exprime la joie euphorique de soldats en partant en guerre. En effet, en faisant des recherches dans de nombreuses archives, le compositeur a constaté que « les conscrits étaient enthousiastes car inconscients de ce qui les attend et certains que la victoire sera facile », comme rapporte les notes du programme. L'œuvre renferme de nombreuses idées et références (polyrythmie, jazz, jeux binaire/ternaire, Chostakovitch, …) sans pour autant tomber dans un passéisme banal, au contraire, il y a là quelque chose d'éminemment original. Si le Quatuor de Singelée s'apparente à une écriture de quatuor à cordes tout à fait classique, pour célèbrer les 200 ans d'Adolphe Sax (1814-1894), les arrangements par Philippe Portejoie de Debussy et de Schœnberg ainsi que ses propres compositions (Valse énigmatique, XASTB et Liberté) sont ingénieusement adaptés aux saxophones, qui nous offre une occasion de redécouvrir ces instruments.

Après le concert « Ombres et Lumière », le vendredi soir, par trois grands maîtres dans un répertoire classique interprété avec une grande sensibilité (Schubert) et détermination (Beethoven), le violoncelliste donne, le lendemain matin, des masterclass à quatre étudiants du CNSMDP sur le Premier Concerto pour violoncelle en la mineur op. 33 de Saint-Saëns, avec l'Orchestre Philharmonique du département de l'Oise, sous la direction de Thierry Pélicant. Une aubaine pour les jeunes solistes qui ont ainsi une occasion de jouer avec un orchestre, en recevant en même temps de précieux conseils. La journée du samedi 24 mai est très chargée : dans l'après-midi, le musicologue David d'Hermy livre, dans sa conférence, des éléments un sujet inépuisable : « Musique et totalitarisme ». A 18 h, la « Fourmilière » rassemble des enfants, des jeunes adultes, des professeurs, au total une quarantaine de violoncellistes, pour jouer tous ensemble des pièces spécialement composées pour l'occasion par , qui revisite les grands répertoires de la musique classique. Le chef met d'emblée l'auditoire à l'aise, en annonçant que c'est une séance de travail, que les parents sont libres de se déplacer pour prendre des photos de leurs petits ! C'est donc un concert auquel toute la famille peut participer, dans une ambiance bien décontractée, uniquement pour le plaisir de la musique. Voilà ce qui distingue ce Festival des autres.

Le soir, le spectacle « Les notes de l'espoir », d'après l'histoire vraie d'Anita Lasker-Wallfisch et de à Auschwitz. La directrice artistique du Festival et au piano, livrent un récit poignant d'une femme sauvée par le violoncelle.

Le dimanche 25 mai à 11 h, le récital « Par-delà le mur » est un hommage à Mstislav Rostropovitch avec des œuvres écrites pour lui, par Britten (Sonate op. 65) et par Prokofiev (Sonate op. 119), dans une interprétation profonde. Dans l'après-midi à 15h30, sept jeunes violoncellistes du Conservatoire de Paris relèvent des défis dans des pièces contemporaines exigeantes, avec . En effet, cette dernière réalise un projet de concert constitué uniquement de musiques d'aujourd'hui, suite à un don de partitions d'œuvres du 20e siècle, offert au CNSMDP par Elias Arizcuren. Certains étudiants se prêtent à cette expérience pour la première fois, et le résultat est probant. Notons en particulier la performance de Cameron Crozman, un Canadien de 19 ans, qui est devenu probablement le plus jeune violoncelliste à interpréter publiquement le redoutable Sequenza XIV de Berio.

Crédits photographiques : Quatuor Inédit, , © DR;  Concert « Fourmilière » © DR

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