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Chostakovitch 4-5-6, métal hurlant

En marge de ses cycles de concerts dédiées aux Symphonies de , auréolés  d'immenses succès à travers les salles de concert du monde entier, , le Tsar des podiums, poursuit son intégrale au disque. Capté dans la nouvelle salle de concert du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, ce volume centré sur 3 symphonies purement orchestrales est à marquer d'une pierre blanche.

Tellurique et radicale, la Symphonie n°4 connait ici l'une de ses plus belles versions au disque. A la tête d'un orchestre à la plastique sublime et aux dynamiques explosives, montre toute la puissance de la masse orchestrale et la modernité d'une écriture encore très expérimentale. Naturellement Gergiev joue sur l'impact tétanisant de la machine orchestrale, mais la performance musicale et instrumentale, superbement captée par les micros, est un tout grand moment de musique. Cette lecture rejoint les sommets et la discographie : Kondrachine à Dresde (Profil), Salonen à Londres (DGG) et Petrenko à Liverpool (Naxos).

Changement d'ambiance et de style avec la Symphonie n°5, parangon d'un certain style naturaliste orchestral. Le chef russe trouve le ton juste avec un dramatisme de bon aloi et un sens de l'épopée post-mahlérienne. Gergiev joue, comme toujours, parfaitement des contrastes dans cette lecture très exemplaire dans l'identification des ambiances des différents mouvements.  Discographiquement, Gergiev ne trouve pas grand monde sur son passage : Bernstein (Sony), Svetlanov (Canyon), Mravinski (Melodiya), Petrenko (Naxos) et Kreizberg (Pentatone).

La Symphonie n°6 reste une œuvre déconcertante : le « largo » initial, lent et décanté, se poursuit par deux petits mouvements virevoltants et ironiques.  Ce long requiem introductif semble parsemé des fantômes des morts de la terreur stalinienne, ces mêmes ombres maléfiques viennent ensuite danser et ricaner devant les auditeurs sur un ton aussi décalé qu'inattendu. Gergiev, qui dirige cette œuvre depuis de longues années au concert, sait rendre l'introspection orchestrale et la chorégraphie endiablée au cœur de cette partition. Seul Petrenko (Naxos), Jurowski (Pentatone) et Bernstein (DGG) rivalisent avec cette hauteur de vue.

Ce double album est une référence et l'un des volumes les moins incontestables de cette intégrale en cours. Qui plus est, enchainées sur deux galettes, ces trois symphonies y trouvent une logique : commencées avec la rage révolutionnaire et constructiviste des jours meilleurs, elles se terminent  dans la douleur tragique de la Symphonie n°6. Un Requiem pour des idéaux…

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