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Et Sax inventa le saxophone

Les vertus pédagogiques du label Ricercar ont déjà été démontrées avec entre autres les remarquables séries sur les instruments anciens et actuels. L'éditeur propose à nouveau un livre-disques bilingue (anglais-français) consacré au saxophone et à son inventeur belge Antoine Joseph dit pour l'occasion du bicentenaire de sa naissance. Le génial inventeur déposa son brevet en 1846. Un brevet oui, mais dans quel but ? Selon Sax, il s'agissait de pallier aux inconvénients posés par l'utilisation des instruments en plein air de l'orchestre d'harmonie tel qu'on le pratiquait à l'époque, c'est-à-dire composé de cuivres uniquement. Les cordes perdant quant à elles leurs effets en dehors d'une salle de concert, il chercha à enrichir cuivres et cordes en trouvant un intermédiaire sonore fiable capable de se rapprocher les uns des autres. Ce fut l'invention du saxophone.

L'excellent livret nous propose une synthèse historico-organologique de l'évolution et de l'utilisation du nouvel instrument des origines à l'époque contemporaine. Très riche d'informations sans tomber dans la lourdeur pédagogique, il en apprendra assez au néophyte pour avoir l'envie d'explorer le répertoire méconnu (classique) et faire connaissance avec les grands maîtres qui donnèrent leurs lettres d'or à un instrument pour lesquels il n'était pas fabriqué, les jazzmans. Quelques illustrations couleurs renchérissent un matériel instructif qui se lit avec aisance.

Musicalement, deux compacts discs accompagnent le produit. Le n°1 est consacré au versant classique et illustré par des compositions de et Jules Demersseman. On comprendra que la postérité à laissé tomber dans les oubliettes ces patronymes, comme tant d'autres, les morceaux interprétés n'ayant que le mérite d'exister pour mettre en valeur le type de saxophone pour lequel ils ont été composés. Et c'est là que nous pointerons le doigt car les soprano, alto, ténor et baryton soufflés sont d'origine et datent des années 1860-1878. Une sonorité pour le moins différente et fine de celle que nous connaissons actuellement, entre le bois et le cuivre, qui a évoluée grâce à l'évolution technique. D'où l'intérêt. Le piano accompagnateur est quant à lui un Erard de 1870, ce qui abonde dans le sens d'une logique organologique.

Le CD n°2 restitue la phase la mieux connue de l'histoire du sax, le jazz. joue seul (ou en re-recording ou en duo avec contrebasse) de l'alto – un Selmer de 1957 – dans une église du XIIIe siècle, rencontre inattendue entre une acoustique que l'on sait idéale en général pour les églises romanes et un monde sonore de 800 postérieur… Une réussite minorée par une différence de qualité de captation sonore avec la partie en duo.

Un bel hommage pour un instrument qui a mis du temps à trouver ses lettres de noblesse.

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