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Évocation du dernier concert de Chopin à Paris

Laissez opérer votre imagination… et vous voilà transportés au mercredi 16 février 1848 dans l'un des salons de Pleyel, 20 rue Rochechouart, où donne son dernier concert à Paris, peu de temps avant qu'il ne s'installe place Vendôme.

Il disparaîtra le 17 octobre 1849 après une longue et inexorable dégradation de son état de santé miné par la tuberculose.

L'affiche du programme n'indique pas très précisément les œuvres interprétées lors de cette mémorable soirée ; cependant les historiens et les musicologues en ont reconstitué la liste détaillée avec un fort pourcentage d'exactitude.

Outre ses propres œuvres le Maître avait sélectionné le Trio K. 542 en mi majeur et un air issu de la Flûte enchantée (« Ach ich fühl's ») de son cher Mozart qu'il admirait si sincèrement. De Bellini et de Meyerbeer deux airs issus de I Capuleti et Montecchi et de Robert le Diable offraient une diversion vocale qui ne pouvait que plaire aux auditeurs de cette séance historique.

Le reste du programme revenait à l'immense compositeur, au fameux pianiste, qui, on le sait, ne goûtait que modérément  ce genre de prestation (surtout dans la conception lisztienne du terme). D'ailleurs, à Paris, il n'organisa que de rares récitals de sa propre musique acceptant, non sans renâcler, de sortir de son isolement et de s'éloigner de ses élèves pour affronter le public. Les quelques 300 personnes qui se pressèrent ce soir-là purent également entendre un assortiment d'Etudes, de Préludes, de Mazurkas et de Valses, sans oublier les trois derniers mouvements de la Sonate pour violoncelle et piano, le Nocturne op. 55 n° 2 et la Barcarolle en fa dièse majeur de l'op. 60.

Pour cet enregistrement touche un piano Pleyel découvert lors de sa prise de fonction comme directeur artistique du Festival de Nohant dans le Berry où se trouve la maison de George Sand et où Chopin composa des œuvres majeures pendant l'été durant une huitaine d'années (1839 -1846). Après sa restauration, l'instrument abandonné a connu une seconde carrière et a conduit , ancien élève de Pierre Sancan et Aldo Ciccolini, à cet enregistrement qui se veut un retour aux sources. La sonorité du piano, on s'en  doutait un peu, apparaît un tant soit peu mate et voilée et ses articulations parfois délicatement ankylosées, mais l'instrument se révèle terriblement porteur d'émotion.  Henry en tire de merveilleux effets tout en se mettant humblement au service de l'authenticité et de l'intimité d'une musique qu'il connaît et maîtrise admirablement. Il faut savoir gré à tous les artistes qui participent à ce travail de faire revivre pour nous cette soirée historique.

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