Quel programme proposé par le Mariani Klavierquartett!
D'abord la Phantasy de Bridge, dont Britten a saisi le charme en parlant de « Brahms heureusement tempéré par Fauré ». Ensuite le premier Quatuor avec piano de Martinů, qui a bien plus que sa rareté pour se recommander. C'est une partition très puissante. Enfin, un des chefs-d'œuvre de Schumann.
Les jeunes instrumentistes du Quatuor avec piano Mariani nous sont ainsi présentés. La délicate rhapsodie de Bridge est bien servie, sans donner prétexte à l'amollissement. Changement total dans Martinů, dont l'énergie donnerait presque le vertige. Superbe aussi l'âpre nostalgie qui imprègne les éléments folkloriques. En fait, c'est l'une des premières partitions écrites par le compositeur en exil aux États-Unis, en 1942. L'impression qu'en donnent ces jeunes musiciens est très forte. Dans Schumann, ce n'est pas étonnant, la concurrence est plus rude. Ainsi, pour comparer avec des lectures similaires, les excellents Mariani n'égalent sans doute pas tout à fait l'impétuosité de leurs compatriotes du Quatuor Mandelring associés à Claire-Marie Le Guay (Audite, clef Resmusica), ni l'absolue clarté de Glenn Gould avec le Quatuor Juilliard (Sony). Mais pour ce premier disque, la qualité est remarquable, et la partie largement gagnée.