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L’Inextinguible de Carl Nielsen en version de référence avec Alan Gilbert

Carl August Nielsen, hors les propos généraux, peine encore à endosser son statut d'excellent compositeur que lui refusent ceux qui écrivent ou commentent l'histoire de la musique, sans l'avoir fréquenté suffisamment semble-t-il, car dans la réalité, il demeure encore trop largement et interminablement délaissé.

Voilà qui est fort dommageable à la destinée posthume d'un créateur vraiment individuel que le jeu des comparaisons dessert cruellement tant sa musique pâtit de l'ignorance dans laquelle elle semble prisonnière Dès sa Symphonie n° 1 achevée en 1894 on entre en contact avec un brillant descendant du romantisme, de Brahms en particulier mais pas seulement, capable de bousculer toute tentative de soumission académique. Evidemment, avec son chef-d'œuvre, la Symphonie n° 4 dite Inextinguible, la question ne se pose plus depuis bien longtemps car le créateur a pulvérisé les chaînes de tout académisme ou de toute obéissance à un modèle quelconque. Avec un discours musical qui n'appartient qu'à lui, avec un langage débarrassé de tout ralliement à une école où les interventions des percussions, les dissonances parfois agressives, les moments lyriques non dépourvus de virilité, nous projettent dans une modernité contrôlée et maîtrisée qu'il contribue aussi à façonner. La date de composition de l'Inextinguible -1914-1916 – correspond aux changements barbares d'un monde déboussolé, aux explosions d'une relation au temps qui prenait le temps de s'examiner et de se respecter, aux événements personnels perturbants et oppressants.

Cet environnement complexe et stimulant à la fois trouve une traduction exemplaire dans l'enregistrement de l'Orchestre philharmonique de New York et du chef américain pour leur second volet symphonique d'une intégrale a priori destinée à devenir la version de référence moderne du cycle des six symphonies de . On devait au un enregistrement marquant et plein d'énergie réalisé jadis pour CBS/ Sony de plusieurs symphonies du Danois dont la Symphonie n° 4 gravée en 1973 sous la baguette du bouillonnant Leonard Bernstein. Avec l'orchestre paraît plus discipliné, davantage maîtrisé, techniquement canalisé donc moins spontané certes mais davantage proche de l'esprit et de la lettre de la partition. Espérons que ce beau travail contribuera à élargir la renommée d'un créateur éminent, aussi ingénieux qu'humain.

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