Renouveler le sujet à propos des Quatre saisons de Vivaldi ne semble pas chose aisée, pourtant ce disque apporte une approche inédite et passionnante.
Grâce à l'utilisation de trois orgues baroques italiens et historiques de surcroit, l'organiste Marco Ruggeri a recréé l'ambiance champêtre et bucolique de ces célèbres concertos de l'Estro harmonico. Ces instruments anciens sont pourvus de divers accessoires qui viennent ponctuer judicieusement le discours : campanelli (jeu de clochettes accordées), timbales, et autres jeu de cornemuse. L'orgue italien, clair et transparent par essence reproduit à merveille l'ambiance de l'orchestre à cordes.
Ces concertos font aussi appel au violon solo et concertant qu'il aurait été hasardeux de supprimer ici. Lina Uinskyte, violoniste lituanienne, s'affranchit magnifiquement de sa tâche, par une virtuosité sans faille et un style bien reconnaissable, issu des écoles de l'Europe de l'est. Un vibrato parfois appuyé mais d'un lyrisme qui s'accommode finalement agréablement du discours vivaldien. Marco Ruggeri lui, s'en donne à cœur-joie à ses claviers, dynamique et ludique à souhait, le tout soutenu par une prise de son de tout premier plan.
L'illusion est totale : « le défi de l'imitation », comme le dit lui même l'organiste dans un texte de pochette très documenté, opère dans sa plénitude, au service de la merveilleuse musique de Vivaldi.