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L’hommage d’Emmanuel Oriol aux soldats de la Grande guerre

Bien loin de l'agitation parisienne et dans un cadre quasi champêtre, le Festival du Vexin, que dirige l'éminent pianiste Dimitris Saroglou, recevait l'Orchestre de La Garde républicaine dans l'Eglise de Fresneaux-Montchevreuil pour clore son édition 2014.

Et c'est à l'occasion du centenaire de la « Grande Guerre », qu'une commande a été passée à qui rend un « Hommage aux soldats morts pour la liberté » dans sa suite pour orchestre à cordes intitulée « 14-18 » . Elle était donnée ce soir en création mondiale. Dans la notice de programme, une citation de Roland Dorgelès, extraite des Croix de bois, introduit cette pièce de commémoration en quatre mouvements où le compositeur met à l'œuvre l'énergie rythmique autant que la puissance du lyrisme.

Lancé par le rythme implacable des contrebasses, Patriotes qui débute la suite est une musique qui avance, gorgée d'énergie et vivifiée par une farandole de chants patriotiques où la Marseillaise pointe son motif de tête. Le titre « Vies tranchées » du second mouvement est emprunté aux textes écrits par le fils du compositeur, Raphaël Oriol, et insérés dans le programme;  le jeune écrivain envisage son écriture, d'une belle sensibilité, comme un double poétique de la composition musicale. Dans des textures sombres  et une maîtrise étonnante du flux contrapuntique, le compositeur engage un long processus de déploiement des lignes de cordes qui captive l'écoute. Mais c'est en choisissant de couper abruptement le son au sommet de la tension expressive  qu'il crée le choc émotif de ce superbe mouvement. L'humour affleure dans le « Bal imaginaire des gueules cassées », habité d'ombres fantomatiques qui semblent esquisser quelques pas de valse; mais la scène tourne court et s'efface très rapidement. Le rythme de marche, militaire autant que funèbre, réinvestit l'univers du dernier mouvement, « Le sort des braves », où la complexité rythmique engendre ici la force communicative d'une musique très galvanisante.

A la tête d'un ensemble de cordes toujours réactif, donnait tout le relief et la richesse d'une écriture magnifiquement conduite.

L'œuvre en création s'insérait entre deux Sérénades pour cordes, celle d' d'abord;  il s'agit d'une pièce de jeunesse du compositeur et chef d'orchestre britannique, qui séduit d'avantage par le détail de l'écriture et le profil ciselé de ses thèmes que par l'équilibre de la forme.

L'autre Sérénade pour cordes, beaucoup plus connue, celle de Tchaikovski, refermait la soirée. Elle est d'évidence inscrite au répertoire de l'Orchestre de la Garde qui dévoilait toute l'envergure de son jeu dans un premier mouvement (Pezzo en forma di sonatina) où l'on appréciait la souplesse des lignes mélodiques et l'équilibre des forces en présence. Très à l'aise dans sa direction, conférait de l'élégance à la Valse et une éloquence singulière à l'Elégie dont les accents tragiques ont déjà l'intensité de la « Pathétique ». Le Finale, très russe, confirmait la belle cohésion de tous les pupitres de l'orchestre donnant à la musique de Tchaikovski un panache et une brillance irrésistibles.

Crédit photographique : Garde Républicaine

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