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Cecilia Bartoli, la soprano qui venait du froid

Pour son nouvel album thématique et de découverte de raretés, choisit la Russie. Toujours la même virtuosité époustouflante, mais avec une musicalité plus intense. Charmant!

Comme Amélie Nothomb, qui chaque année nous offre un nouveau roman, édite un nouvel album.
Et comme Amélie Nothomb dont on ne sait jamais le sujet qu'elle va traiter dans son livre, surprend son public avec la musique qu'elle lui fait découvrir.

Bien sûr, avec Bartoli on s'attend tout de même à ce que sa musique ne nous révèle pas Alban Berg ou Wolfgang Rhim. Encore que…..

Avec ce nouvel opus, la soprano romaine fait œuvre musicologique avec la redécouverte de compositeurs non seulement peu connus mais qui ont émigré de leur Italie natale (ou de l'Allemagne pour ) pour répondre à l'invitation des Grands (et Grandes) de la Cour de la Russie Impériale du 18e siècle.

Ce disque donne l'occasion de découvrir de charmantes musiques dont, à l'évidence, Cecilia Bartoli a extrait les plus belles pages. Quand elle chante l'air de Minerve (Vado a morir) de La Forza dell'amore e dell'odio, on retrouve la soprano dans ce qu'elle interprète le mieux : les arias sur des tempos lents. Quelle douceur de voix, quelle belle expressivité, quelle diction ! Avec la délicatesse d'accompagnement d'un orchestre I Barochisti très présent. Un régal.

Avec deux des airs du compositeur , Cecilia Bartoli ne recule pas devant la difficulté non seulement technique et pyrotechnique de ces airs, mais encore elle se permet le luxe de les chanter en russe ! Loin de nous d'analyser la prononciation de cette langue par la chanteuse italienne mais reste que on reste pantois sur les vocalises qu'elle exécute. On notera que si la technique reste virtuose, il semble que Cecilia Bartoli aborde ces vocalises d'agilité avec moins d'agressivité que dans ses précédents albums. Sa virtuosité, tout en demeurant époustouflante, se transforme en phrases moins heurtées que par le passé laissant place à une musicalité plus intense de ces effets. Un progrès technique qui montre combien Cecilia Bartoli semble soucieuse d'améliorer son chant malgré le succès.

Il n'en reste pas moins que si l'intérêt majeur cet album réside dans l'historique de ces musiques (la notice de plus de 120 pages fourmille d'intéressantes informations sur la cour des Tsars), c'est encore « un autre disque de Cecilia Bartoli » ! Il n'apporte rien de révolutionnaire dans la carrière discographique de la diva. Il faut cependant lui reconnaître que sans sa démarche, qui se souvient de ces compositeurs ? Un bon disque toutefois… et qu'elle est charmante avec sa toque d'hermine !

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