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In situ, dans les coulisses de l’Opéra de Paris: éclectismes

Pierre-Elie de Pibrac s’est immergé dans l’univers de l’Opéra de Paris durant une saison entière, en photographiant les danseurs du Corps de Ballet, les Etoiles, à travers tous les évènements qui ont pu ponctuer la saison 2013-2014.

Des évènements qui sont en réalité les jalons ordinaires de la Grande Boutique: adieux, nominations d’Etoiles, répétitions, représentations.

Du petit rat jusqu’au vétéran de la hiérarchie, une grande humanité se dégage au fil des pages, et l’histoire de la liaison entre le photographe et les danseurs se perçoit dans l’évolution de la saison qui avance, l’intimité qui augmente; les poses fragiles et délicates se font alors confiantes, insouciantes.

Le livre qui retrace cette aventure s’ouvre sur des conversations fortes, pertinentes, entre le photographe, les jeunes qui débutent leur carrière et les Etoiles quittant l’institution, entre une direction de la danse et la suivante.

Les visuels majoritaires sont dans la série « Confidences », effectivement se focalisant de façon très rapprochée des danseurs. L’exercice en noir et blanc a été déjà vu, exploité, mais c’est un plaisir d’allier l’esthétisme des corps travaillés et la chaleur des relations humaines
qui se dégagent et dont notre regard, sans être agressif, s’invite discrètement.

La seconde série, « Catharsis » est à la fois plus originale et déconcertante. Les premières impressions qui s’en dégagent sont celles d’un flou voulu, d’un brouillis volontaire. Toutefois, en laissant filer l’imagination et les souvenirs de spectacles, on peut saisir que l’énergie développée par l’exercice de la danse a voulu être transmise dans ces vues qui sont dynamiques et ne recherchent pas qu’un joli effet visuel.

Enfin, la dernière série, « Analogia », mêle étrangeté du déjà-vu et questionnement sur le cadre: les danseurs, dans les poses les plus classiques de pas de deux connus, occupent l’espace privé et public du Palais Garnier; les échelles se brouillent et le bâtiment prend de nouvelles proportions et l’on ne sait plus si le spectateur est désormais sur scène ou bien si la vie réelle est celle qui est prise en image. Esthétiquement irréprochable, cette série impressionne, entre clins d’oeil du connaisseur saisi dans son inquiétude liée au réel et connivence avec les professionnels qui vivent le Palais comme personne.


L’exposition, Galerie Clémentine de la Féronnière dans l’ïle Saint-Louis, reprend ces trois volets du travail de Pierre-Elie de Pibrac, et ne montre évidemment qu’un extrait de cet ensemble copieux qui laisse à la fois un parfum de journal de bord et une volonté plus hiératique de graver dans le stuc de Garnier le souvenir d’une tranche de vie.

Crédit photographique: © Pierre-Elie de Pibrac/Agence VU

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