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Le Chevalier de Saint-George danse toujours

Un univers haut en couleurs et en émotions lorsque rencontrent la danse contemporaine autour de la figure du Chevalier de Saint-George.

Parfois nées de la maturation de longues réflexions, les créations les plus intéressantes prennent aussi leur origine dans des rencontres qui peuvent provoquer des coups de cœur. Ce fut le cas à l'automne dernier entre et la compagnie toulousaine de , ce danseur et chorégraphe franco camerounais, dont l'art synthétise ses racines africaines et la culture occidentale contemporaine. C'est en assistant à un concert des Passions, qui interprétaient la musique de Saint-Georges à Muret, que le chorégraphe s'enthousiasma pour l'énergie rythmique fondamentalement liée à la danse dégagée par la musique du « Nègre des lumières ». Un projet de ballet-concert fut rapidement imaginé d'autant plus que se penche depuis plusieurs années déjà sur la vaste production du Chevalier de Saint-George, largement méconnue de nos jours. N'oublions pas qu'outre un violoniste virtuose et un compositeur habile, était un danseur accompli et un escrimeur chevronné.

Cette première collaboration entre et la compagnie chorégraphique a trouvé à s'exprimer dans le cadre du festival Danses et continents noirs.

Le chevalier était l'un des promoteurs français du quatuor à cordes, particulièrement du quatuor concertant qui permettait au violon soliste de briller, dont la forme galante se généralisa dans la seconde partie du XVIIIe siècle, en marge des productions de Haydn et Mozart. Pour les symphonies, la formation s'adjoint une flûte à bec pour laquelle a réduit les parties de vents, avec quelques percussions pour souligner le rythme.

Même si elle évoque la Guadeloupe par des costumes en madras, la chorégraphie évite le propos biographique pour un questionnement sur le rituel, qui n'omet pas quelques traits d'humour avec un défilé de mode  parodique dont la mariée finale est interprétée de façon irrésistible par Pascal Beugré-Tellier. Tout en laissant une liberté à l'imaginaire du spectateur, a voulu créer un triangle vertueux en regard du commerce triangulaire de sinistre mémoire, qui fleurissait au XVIIIe siècle.

Selon un vocabulaire résolument contemporain, les trois danseurs évoluent de façon ludique et aimable en parfaite adéquation avec la musique dans un propos cohérent pour une esthétique d'ensemble des plus appréciables.

Cette tentative fut une réussite totale, qui renouvelle l'approche du concert par l'harmonieuse association de deux disciplines scéniques.

Crédit photographique: Photo 1 © Alain Huc de Vaubert , Photo 2 © Stéphane Gros Nicolaï

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