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Deux œuvres orchestrales très contrastées d’Edvard Grieg efficacement défendues

Si la Symphonie en do mineur est le reflet de l'apprentissage leipzigien, le Concerto en la mineur se rapproche autrement de l'âme scandinave dont il véhicule bien des aspects significatifs.

Les deux œuvres de Grieg proposées sur cet enregistrement se situent aux antipodes l'une de l'autre. D'une part l'unique Symphonie en do mineur du maître norvégien composée en 1864 et tombée du fait de sa volonté, dans un durable silence, puisqu'on ne la réentendit qu'en 1981 ! D'autre part le plus que célébrissime Concerto pour piano en la mineur (1868), une des œuvres les plus jouées dans le monde entier. Perspective très injuste car cet unique Concerto d', bien qu'influencé par le Concerto de Schumann dans la même tonalité de la mineur, créé en 1848, sut conquérir d'innombrables salles de concert et bien plus tard charmer les auditeurs à travers des enregistrements multiples de fort belle tenue et ce sous toutes les latitudes du monde musical. On ne saurait colliger tous les orchestres, tous les chefs et tous les solistes qui surent transporter des millions d'auditeurs sincèrement émus par la beauté romantique de cette musique. Evidemment, rien de comparable avec cette Symphonie, certes d'honnête tenue, mais en rien caractéristique de l'art du « Chopin du Nord » ainsi que le qualifia un jour l'immense chef allemand Hans von Bülow.

Reste donc à souligner le travail du soliste d'origine roumaine né en 1979 et installé en Allemagne une dizaine d'années plus tard. Sa proximité avec Alfred Brendel, ses victoires à plusieurs concours internationaux font rapidement de lui un pianiste invité par les plus grandes phalanges et un chambriste recherché au répertoire varié. Face au Concerto de Grieg, restitue l'âme norvégienne stylisée par le compositeur, son jeu très maîtrisé contrôle les difficultés, souligne la beauté si évocatrice des thèmes, se garde de tout emportement intempestif et reste à distance de toute originalité déplacée sans pour autant devenir impersonnel. Un splendide enregistrement donc sans vélléités de prise de distance d'avec la tradition. C'est très réussi et conforme à l'esprit scandinave originel du 19ème siècle. L'orchestre un rien rigide ne démérite jamais.

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