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Matin, Midi et Soir à Vienne par l’OVHFC et Anne Queffélec

Salle bondée pour cette soirée à thématique musicale viennoise qui s'est voulue une conclusion réussie pour la première partie de la saison bisontine.

Après une mise en bouche légèrement sur la retenue de l'ouverture de l'Enlèvement au Sérail, les tourments mozartiens du concerto n°20 furent eux aussi bien atténués dans la version proposée par , propre à délivrer un message alliant pourtant simplicité et naturel. C'est comme si le passage du mineur initial au majeur final se faisait par anticipation, presque dès le début. Accompagnée dans cette démarche par un chef lui aussi sans intentions décalées trop appuyées par un grand orchestre, les doigts de la soliste n'enfoncent jamais le clou d'un Mozart-pré-romantisant pour garder l'aspect du Mozart classique, en démarche sereine durant toute la Romance du second mouvement. Le choix de donner en bis le Menuet en sol mineur G 242 de Haendel n'est d'ailleurs pas un choix innocent : la très grande simplicité de l'écriture, originellement conçue pour le clavecin, a elle aussi un pied dans le passé baroque et dans un futur expressif très lyrique propre par instants à l'auteur. Entre deux mondes, trace la voie.

La deuxième partie du programme nous fait entrer de plain-pied dans la Vienne des deux rois de l'époque : Johan Strauss II et Suppé. La musique de Suppé porte en elle une séduction immédiate, faisant la part belle aux solistes – le violoncelle notamment – et trouvant une dynamique de groupe parfaitement stimulante qui marque la mémoire, le but du jeu étant d'alléger au maximum l'orchestre pour éviter de tomber dans l'épaisseur pachydermique que l'on entend bien souvent par des ensemble semi-professionnels. Heureusement, avec , on est au-delà de la grosse musique viennoise de théâtre fin de siècle. Les très grands maîtres des valses telles que Strauss les a écrites, si connues qu'elles en deviennent des espèces de tartes à la crème festives, ne sont pas légion, contrairement à ce que l'on pourrait croire. La voie trouvée par sera celle d'un chemin assez lisse, avec le grand mérite de considérer le Strauss sélectionné comme un orchestrateur de haut niveau et non un accoucheur à la chaîne de valses à la mode. Curieusement, ses valses ne sont ni typiquement viennoises (Kleiber), ni hors sujets géniaux (Fricsay), ni épines décadentes (Reiner). Elles laissent plutôt la parole à leur auteur sans intervenir de manière trop personnelle et voyante. L'enthousiasme y est, et les généreux bis entamés, dont la fameuse Marche de Radetsky clapée en écho par le public, le montre sans ambiguïté. emportera avec lui avec humour la foule d'applaudissements mérités dans une boite à chaussures.

Photo : © Caroline Doutre

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